Lot n° 206

SAND George (1804-1876). L.A.S. « George », [Nohant, 8 novembre 1843], à Charles DUVERNET ; 4 …

Estimation : 800 - 1 000 EUR
Adjudication : 930 €
Description
SAND George (1804-1876). L.A.S. « George », [Nohant, 8 novembre 1843], à Charles DUVERNET ; 4 pages in-4.
Belle et longue lettre sur l'affaire de Fanchette ../...
[Sand a pris fait et cause pour la petite Fanchette, simple d'esprit, trouvée errant près de La Châtre et confiée à l'hospice ; les religieuses, l'ayant plusieurs fois renvoyée, la firent abandonner en pleine campagne vers Aubusson. Sand et ses amis, avertis de la disparition de la fillette, la firent rechercher, et une enquête fut ouverte ; on la retrouva plus tard à Riom. Sans raconta son histoire dans deux articles de La Revue indépendante, réunis en plaquette vendue au profit de Fanchette.] « CHOPIN me mande que tu peux envoyer ton piano dès qu'il te plaira. [...] Arnault l'imprimeur a consenti à imprimer 500 ex. de Fanchette, pour une somme fort minime à répartir entre les gens de bonne volonté, et dont je me chargerais au besoin, pourvu que ce ne fût pas trop ostensiblement. On m'accuserait de vanité littéraire ou de haine politique, ou d'amour du scandale si j'avais l'air de pousser à une publicité particulière dans la localité. Cela m'est parfaitement égal, quant à moi, mais diminuerait peut-être dans quelques esprits la bonne impression que la lecture du fait a produite. L'indignation est bonne aux humains et c'est ce qui leur manque le plus dans ce temps-ci. Si on pouvait susciter un peu de ce sentiment chez les ouvriers et les artisans de La Châtre, cela les rendrait meilleurs, ne fût-ce qu'un quart d'heure, et c'est toujours cela. Je serais donc flattée d'émouvoir ce public-là un instant et je crois que quiconque sait épeler peut comprendre le style trivial de Blaise Bonnin. Que ne pouvons-nous faire un journal ! Je vous fournirais une série de lettres du même genre, où les moindres sujets traités avec bonne foi, avec moquerie ou avec colère, feraient quelque impression sur les gens du petit état, et tu sais que ce sont ceux-là qui m'occupent. Les plus bêtes d'entre eux sont plus éducables selon moi que les plus fameux d'entre nous, par la même raison qu'un enfant inculte peut tout apprendre, et qu'un vieillard savant et habile ne peut plus réformer en lui aucun vice, aucune erreur. Ceci ne s'applique qu'à notre génération. Ce serait nier l'avenir et Dieu m'en préserve ! Tout le monde se corrigera grands et petits. Mais si nous donnons aujourd'hui quelques leçons aux petits je suis persuadée qu'ils nous le rendront bien un jour ». Quant à Fanchette, elle voudrait « ouvrir une petite souscription pour elle. Cela lui ferait du bien, et cela augmenterait le scandale, chose qui n'est pas mauvaise non plus. Mon idée était de faire vendre une partie des exemplaires de son histoire à bas prix, et à son profit, on aurait distribué l'autre gratis à des artisans. [...] il faudrait savoir en quelles mains on va mettre Fanchette. Si c'est aux sœurs de l'hôpital, ne sera-t-elle pas victime de leur ressentiment ? ne devrait-on pas et ne pourrait-on pas l'en retirer ? Je pourrais bien la confier dans mon village à quelque femme honnête et pauvre qui trouverait son compte à la bien soigner »...
Correspondance, t. VI, n° 2736.
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