Lot n° 197

REGNIER Henri de (1864-1936). 24 L.A.S. ou cartes, signées « Henri de Régnier », « HdR » ou …

Estimation : 2 000 - 3 000 EUR
Adjudication : 2 108 €
Description
REGNIER Henri de (1864-1936). 24 L.A.S. ou cartes, signées « Henri de Régnier », « HdR » ou « H.
de Régnier », avec un POÈME autographe signé, 1890-1901, à Pierre LOUŸS ; environ 50 pages in-12 ou in-8 et une carte de visite (3 lettres sur papier deuil), adresses et 17 enveloppes (une lettre froissée et un peu déchirée).
Belle correspondance littéraire et amicale.
Henri de Régnier, de six ans l'aîné de Pierre Louÿs, joua un rôle important dans sa vie, tant littéraire que sentimentale. En 1890, année de son entrée dans les Lettres, Louÿs fit la connaissance de Régnier qu'il admirait et qui l'introduisit chez le poète José-Maria de Heredia puis dans le célèbre « grenier » d'Edmond de Goncourt. Revit dans ces lettres le cercle de leurs amis et relations : Vielé-Griffin, André-Ferdinand Hérold, André Gide en jeune homme romantique, le peintre Jacques-Émile Blanche, Paul Valéry, Whistler, et, bien sûr, Stéphane Mallarmé, ainsi que José-Maria de HEREDIA qui deviendra leur beau-père, Henri épousant Marie de Heredia (qui deviendra la maîtresse de Pierre), et Pierre épousant Louise.
Ces charmantes missives commencent par un billet (11.XII.1890) fixant rendez-vous pour la première visite de Louÿs à Heredia, « qui désire causer avec vous de Ronsard ». - Dimanche [25 avril 1891], concernant la revue La Conque que Louÿs venait de fonder : « Il n'y a aucune raison pour que yous refusiez l'insertion que vous demande le Théâtre d'Art. Vous n'êtes point une revue de combat donc vous n'avez pas à protester »...
- Lundi [19 avril 1892]. Régnier envoie et dédie à son ami un poème en prose ou conte poétique de 18 lignes, qu'il vient d'écrire, Les Paons d'Orphée : « Comme je sais que vous aimez les Paons je vous envoie ceux-ci. Il y a longtemps que l'origine de ces oiseaux me tourmentait et j'ai cherché à en résoudre l'énigme. Ce petit récit fera partie d'un volume que j'ai commencé aujourd'hui et qui s'appellera : Les Contes de ma Soeur l'Oie. [...] Les Paons d'Orphée. C'est moi qui, au bord du fleuve, un soir, ai soulevé en mes mains pures et pieuses la tête de l'Aède massacré et qui l'ai portée pendant des jours, ainsi, jusqu'à ce que la fatigue m'eût fléchie [...] Surgie, avec, en mon geste, l'effroi du sacrilège ! et la tête roula parmi les Paons effarés qui rouèrent épanouissant l'extraordinaire prodige qu'ils étaient devenus car leurs plumes ocellées portaient dès lors et à jamais, irradiant d'inimaginables et vindicatrices pierreries »...- Château de Nazelles Lundi [25 juillet], séjour sur les bords de Loire avec ses amis Paul Adam, Vielé-Griffin et Hérold : « J'habite une chambre délicieuse d'où je vois toute la plaine et les tours d'Amboise et j'en descends pour écrire avec Paul Adam et Griffin des comédies à la Gyp d'où nous tirerons un renom de bonne humeur et des profits considérables. Nous nous sommes créé une société de gais fantoches avec qui nous avons toujours raison et dont les ridicules égaient nos après-midis. Vous qui êtes devenu un esthète compétent soyez indulgent pour ces bas divertissements que justifient seuls l'Été, la Touraine, et le vieil esprit français. Le vers chôme. Avez-vous écrit à Londres ? Avez-vous commencé un drame pour Sarah Bernhardt. Vous le devriez. Quelle Hermaphrodite elle serait ! »...
- Paray-le-Monial [22 septembre]. « Nous visitâmes Guérande la déchue, si triste en ses vieux murs et le Pouliguen si pareil aux .../...
gravures colorées qui le représentent dans les gares [...] Je reviens content de cette Bretagne et de GIDE qui s'y est comporté bien et romantiquement ll abandonna sa chevelure au vent des mers et s'adonna immodérément à la pipe avec des allures de caboteur »... - [28 septembre], alors que Louÿs est appelé sous les drapeaux, « avant que vous ne partiez pour les hideux emplois que la Loi veut faire de vous sous prétexte que vous n'êtes ni borgne ni boiteux. J'aurais mieux aimé être l'un et l'autre que de revêtir l'uniforme et j'aurais été déserteur en Belgique ce qui fait qu'au lieu d'écrire une langue à peu près correcte j'aurais employé couramment le jargon d'un Giraud ou le charabia héroïque d'un Verhaeren. Du reste nos contemporains ont un tel goût que les efforts qu'on peut faire pour satisfaire au bon sont inutiles et d'une superfluité vraiment par trop généreuse. Aussi je comprends qu'au lieu de lire leurs œuvres vous vous réfugiiez dans le Bocages des Muses grecques et que vous buviez à leurs élégantes fontaines le filet clair de leur eau »....
- La Lobbe par Wasigny (Ardennes) [26 juillet 1894], alors que Louÿs est en Algérie : « Vous ne pouvez pas faire moins que de prendre la première caravane et d'aller faire un tour au Soudan. Allez aussi au Cap de bonne- Espérance. LECONTE DE LISLE en parlait ; il y avait vu des ménageries immenses et merveilleuses et disait que l'air y sentait la fleur et la peau de bouc ! Le voilà mort et cela m'a ému. On a de moins en moins de gens à respecter et nos irrévérences sont la faute de nos contemporains. Je travaille avec
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