Lot n° 184

NERVAL Gérard de (1808-1855). L.A.S. « Gérard Labrunie », [Lille 23 mai 1853], au Docteur …

Estimation : 2 000 - 2 500 EUR
Adjudication : 3 163 €
Description
NERVAL Gérard de (1808-1855). L.A.S. « Gérard Labrunie », [Lille 23 mai 1853], au Docteur LABRUNIE ; 2 pages et demie in-8, adresse (fente réparée au feuillet d'adresse).
Lettre à son père, sur le retour de son voyage en Hollande.
« Mon cher Papa, Je me rapproche, je suis à Lille ; il fait très beau. Je me repose un jour, puis je me dirigerai vers Arras. J'espère que tu te promènes un peu par ce beau temps. Je n'aurais pas quitté sitôt la Hollande sans les pluies ; mais ici le vent de mer n'agissant plus, la température est différente. Je passe toujours avec émotion dans cette bonne ville de Lille en songeant que tu as concouru autrefois à la gloire de son siège. Il y a sur la place, en face du café d'où je t'écris, un monument qui célèbre la défense de Lille pendant la révolution c'est une colonne de granit cannelée, avec des bombes et des obusiers sur le piédestal et au faîte une statue de bronze représentant la ville héroïque. Les maisons de la-place n'ont pas changé et sont fort curieuses avec leurs découpures et leurs festons autour des fenêtres. Il va y avoir une grande fête au commencement du mois prochain, dont on fait déjà les préparatifs, mais je n'y assisterai pas. J'irai plutôt à la grande fête des tireurs d'arc de Creil qui a lieu dans trois ou quatre jours et je serai alors très près de Paris.
J'ai bu du vin ici pour la première fois depuis longtemps (sauf une demi-bouteille de 1F50 à Amsterdam). La nourriture est aussi meilleure dans ce sens que l'on mange moins et mieux. Le printemps commence à paraître sérieusement et l'on voit partout des blés et des seigles verts. Je pense trouver plus bas encore presque l'été qui s'est fait si fort attendre cette année. Il ne fait ici ni chaud ni froid mais très bon. Je ne crains rien tant que les fortes sueurs dans les pays humides ; car dans le midi elles sont bienfaisantes. Mais Paris est aussi un pays humide.
À bientôt donc. Je t'embrasse »...
Œuvres complètes (Pléiade, éd. Pichois), t. II, p. 1305.
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