Lot n° 240

PISSARRO CAMILLE (1830 - 1903) — L.A., Paris 7 juillet 1893, à SA FEMME JULIE ; 4 pages in-8.

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : 1 430 €
Description
Il s'inquiète de leur fils Georges [Manzana-Pissarro] :
il a écrit à Julie tous les jours «t'expliquant tout ce qui concerne Georges [...] Georges est parti, il m'avait promis de m'écrire, pas un mot encore c'est fort ennuyeux ; je t'ai écrit qu'il n'y avait rien à craindre, Fénéon m'a dit que les jeunes gens dans la catégorie de Georges étaient laissés tranquilles que la loi devait être rapportée en novembre au Sénat, et puis Georges est domicilié en Angleterre, y reste à demeure, n'était ici que de passage. Titi est avec moi, il vient d'aller à Poissy pour faire l'emballage des tableaux qu'il enverra à Eragny ainsi que la pompe et le lit. Je te demandais aussi si tu voulais que j'achète le lit. Pas de réponse. Tu n'as pas besoin de venir, je pars lundi à Eragny, le Dr Parenteau m'a dit que je serai bien à cette époque, ne te déranges donc pas, du reste ce n'est pas le moment de venir à Paris, il y a des troubles dans le quartier de la tante et cela risque de s'aggraver. [...] le Dr Parenteau vient de me visiter, il me trouve toujours bien, demain il reviendra à la même heure m'enlever les fils qui rejoignaient la petite coupure qu'il m'avait pratiquée. [...] Je ne comprends pas vraiment com­ment MIRBEAU, après avoir exalté Georges pour ce travail de décoration ne lui ait pas soufflé un mot d'explication sur le changement qui s'est fait dans leurs idées, pas un mot ni d'excuses ni de consolation, ne trouves tu pas que ce n'est pas gentil Je sais bien que Georges s'exaltait à l'idée de faire une belle chose, mais cela est tout naturel de la part d'un jeune artiste qui, avec tout l'amour de son art, avait un si grand désir de faire une belle chose. Non Mirbeau n'a pas été gentil du tout, je trouve qu'il a poussé la chose jusqu'à la cruauté. Je n'oublierai jamais cela, si Mirbeau n'en est pas cause, que ce soit sa femme qui ait amené habilement ce lâchage, tant pis, je ne connais en cela que Mirbeau ; naturellement je ne serai pas assez serin de lui demander des explications, ils ne sont pas forcés de tenir parole à leur dire, mais je ne saurai accepter une chose pareille sans protester, dans tous les cas régler ma conduite selon les événements. J'espère que tu n'auras pas de lessive à faire lundi ou mardi et j'espère que par ces chaleurs tu n'iras pas au marché, j'aimerais bien te voir un peu, il y a assez longtemps que nous sommes séparés»...
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