Lot n° 193

MATHIEU GEORGES (1921 - 2012) — 21 L.A.S. «Georges» ou «Mathieu», 1987 - 1992, à Mlle Emmanuelle ORIHUEL ; environ 60 pages formats divers, le plupart in-4, dont 7 cartes, la plupart à sa devise Moult de parte et sa vignette, enveloppes.

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : Invendu
Description
Belle correspondance amoureuse et amicale. «Je vous supplie de me pardonner de vous avoir paru si inquisiteur.

Il y a des moments où les règles de la bonne éducation éclatent.
C'en fut un. Vous avez provoqué une telle émotion en moi que je tenais à tout prix à vous l'exprimer. Il y a en vous une grâce ineffable, telle la ren­contre dans quelques rares chefs-d'œuvre (L'Ange de Reims, la Sybille de Brou, certaines œuvres de Pradier ou de Clodion) que cela provoque en moi un véritable choc. Percevoir tout à coup la vie de l'âme à travers un visage est pour un artiste une sorte de “parousie”. La présence de la spiritualité dans notre monde devient si rare que ce fut un réel privilège de vous découvrir et d'éprouver ce phénomène étrange qu'est la fas­cination. J'ai peint en rentrant un tableau fantastique. Je vous le dois. Merci et à bientôt...peutêtre»...
- «Je vous l'ai dit, vous incarnez pour moi l'une des deux plus hautes émotions esthétiques de ma vie, et une telle émotion a bien sûr une valeur affective. Aussi fort que cela puisse vous paraître, cela m'a rendu tout triste... J'aimerais tant contribuer à votre jeune gloire et à votre bonheur»...
- «Avez-vous suffisamment remercié les Dieux ? La péritonite aurait pu être mortelle ! Qu'aurais-je gardé de vous. Le souvenir d'un visage d'une beauté transcendantale infinie. Une petite robe noire trahissant admirablement un corps admirable.Une ceinture noire passant par deux anneaux dorés. Deux jolies mains et votre nom écrit deux fois au crayon... Comment puis-je vous admirer et vous aimer comme je vous admire et je vous aime. C'est fou ! Votre seule existence fait mon bonheur»...
- «Dans cette matinée ensoleillée d'Italie après toutes les manifestations mondaines de mon exposition à Caserte, ma première pensée est pour vous... Tout à l'heure je vais aller visiter les jardins célèbres du Palais Royal. Comme j'aimerais m'y promener avec vous. Permettez que je vous embrasse comme c'est ici la coutume en Italie, où le Président de la République lui-même embrasse les artistes... sur le front»...
- «Je viens de rentrer à Paris très fatigué de ces deux jours exténuants. Je n'étais pas allé, comme Lamartine, chercher la gloire pour être aimé et bien que l'accueil fut enthousiaste : des banderoles et des tapisseries aux fenêtres (je vous enverrai des photos)... Il y avait là [jardins de Caserte] des sculptures baroques extraordinaires et un château imitant Versailles avec un esprit “inouï” de démesure. Ma pensée toutefois ne vous quittait pas. Vous avez des vertus plus rares que vous ne soupçonnez pas qui sont le contraire de l'exubérance»....
- «Lors de notre dernière conversation, vous m'avez à la fois anéanti et réconforté. J'en fus sur le coup comme K.O et sans connaissance. Je ne m'en attendais pas à cette révélation qui pourtant était du domaine du possible et même de l'évident. Comment en effet se pourrait-il que personne jusqu'alors ne vous ait remarquée. Ce fut néanmoins un véritable choc. Je ne l'avais pas imaginé. Et puis vous m'avez en quelque sorte un peu consolé. Vous m'avez dit des choses que vous ne m'aviez jamais dites. Ce qui signifiait que je n'étais pas tombé comme dans la carte du Tendre de Madame de Scudéry, dans le lac de l'Indifférence. Ah ! Comme c'est doux de pouvoir espérer que tout n'était pas perdu, et que je pourrais encore faire des progrès dans votre coeur. Emmanuelle vous ne pouvez pas imaginer ce que vous signifiez pour moi. Vous êtes la Grâce mais vous êtes plus que la Grâce, vous êtes le Rêve»... Mathieu accompagne parfois sa signature d'un morceau de feutre rouge collé.
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