Lot n° 87

COURBET Gustave (1819 - 1877) — L.A.S. «G. Courbet», Paris 15 juillet [1870], à SES PARENTS ; 4 pages in-8 (cachet encre de l'avoué Fumey à Besançon).

Estimation : 7000 - 8000
Adjudication : Invendu
Description
Belle lettre écrite le jour du vote par les Chambres de la guerre contre la Prusse, après le refus par Courbet de la Légion d'honneur.

«Mes chers parents,
La guerre est déclarée. Les paysans qui ont voté oui vont la payer chère. Tout en débutant on va tuer cinq cent mille hommes, et ça n'est pas fini, les Prussiens sont déjà à ce que l'on dit à Beffort et marchent immédiatement sur Besançon, nous sommes dans le cas de revoir les alliés avec les napoléons. C'est naturel. Chacun quitte Paris. Pour moi je pars d'ici 5 ou 6 jours pour les bains de mer peut-être à Guernesey chez Victor Hugo en Angleterre et reviendrai à Étretat. C'est une désolation générale. La police et le gouvernement font crier vive la guerre dans Paris. C'est une infamie. Tous les honnêtes gens se retirent chez eux et fuient Paris. Écrivez-moi pourtant car si les allemands viennent à Besançon j'irai immédiatement à Ornans»... Paul Boulet «a fait faire une adresse de la part des gens d'Ornans à mon instigation, ça a été édité dans le Siècle. Je suis comblé de compliments. J'ai reçu trois cents lettres de compliments, comme jamais de la vie homme au monde n'a rien reçu. De l'avis de tout le monde je suis le premier homme de France. Mr THIERS m'a fait venir chez lui pour me faire des compliments. Je reçois jusqu'à des princesses pour le même but, et on m'a donné un diné de 80 ou 100 personnes pour me féliciter c'était toute la presse de Paris et les savants. Il faut que je tienne mon chapeau dans la main comme les curés le long des rues. J'ai été bien enchanté de votre adhésion et du bouquet que vous m'avez envoyé, tout le monde a été enchanté comme moi de votre adhésion, l'adhésion des gens d'Ornans a été diplomatique et faiblotte, n'en dites rien ! Il n'y a que Jeannier qui m'a écrit une lettre superbe. Les Ordinaires ont joués un triste rôle dans cette affaire, ils ne sont pas venus au repas. Je les vois rarement, je les laisse marcher à leur façon, l'acte que je viens de faire est un coup merveilleux, c'est comme un rêve, tout le monde m'envie. Je n'ai pas un opposant. J'ai tant de commandes dans ce moment que je ne puis pas aboutir. Aussi je pars. Paris est odieux et on peut se faire empoigner tous les jours»... Il viendra à Ornans en septembre, «pourvu que les prussiens ne soient pas chez nous dans 8 jours. [...]
Mon affaire a duré 3 semaines dans Paris, en province et à l'étranger. C'est fini main­tenant. La guerre me remplace.»

Correspondance, lettre 70-21 (incomplète).
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