Lot n° 85

COURBET Gustave (1819 - 1877) — L.A.S. «Gustave Courbet», [Besançon 9 décembre 1837], à SES PARENTS à Ornans ; 1 page et demie in-4, adresse. Belle lettre où le jeune Courbet, âgé de dix-huit ans, décide d'abandonner ses études et de...

Estimation : 3500 - 4000
Adjudication : 3 250 €
Description
quitter le collège.
«Mes chers Parents,
Je vous dirai que ma résolution est bien prise, et qui ne faut pas encore deux mois dans la position où je me trouve pour la prendre. Puisqu'on s'est montré d'une telle opiniâtreté à mon égard, cela m'a dégoûté totalement. On a voulu me forcer, et toute ma vie je n'ai jamais rien fait de force, ce n'est pas là mon caractère. On m'a rebuté en me mettant au colège, et maintenant je suis trop prévenu pour y pouvoir faire quelque chose. Je quitte mes classes à regret, n'ayant plus qu'un an surtout, et je sais bien que je me repentirai plus tard, mais n'importe, je ne pourrais pas les finir ici. Alors tout ce que j'ai déjà fait jusqu'à présent n'est rien absolument. Car dans ces classes-là, il faut tout faire ou rien, et maintenant dans quelque emploi que je me propose d'entrer, mes classes ne me serviront pas plus que si je ne les eus jamais fait. Car toutes ces classes-là tendent à obtenir le titre de bachelier qui peut servir, sans quoi elles ne servent à rien. Et maintenant pour quoi que je me propose de faire il faut recommencer sur de nouveaux frais. Il y a longtemps que si jusse pu prévoir ces sortes de contrariétés-là, que je les aurais quittés. Cela me traîne trop loin car à cette heure il y a déjà beaucoup d'emplois et beaucoup d'écoles dans lesquels je ne pourrais plus entrer à cause du trop d'âge. Mais enfin je m'en tirerai comme je pourrai. Mais pour rester encore deux mois au colège c'est une folie, c'est impossible. Je n'ai déjà pas trop de temps devant moi pour aller encore de but en blanc perdre deux mois dans une caserne comme celle-ci. Je vous emprie, tâchez de venir dimanche, vous deux mon grand-père, si le temps le permet, parce que je n'ose plus rester ici plus longtemps. Je déserte, voici déjà assez longtemps qu'on me fait perdre mon temps en me traînant en longeur»....

Correspondance, lettre 37-5.
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