Lot n° 59

BRAUNER Victor (1903 - 1966) — 29 L.A.S. «Victor», 1942 - 1953, à André et Henriette GOMÈS ; environ 40 pages formats divers (dont une carte postale), quelques enveloppes et adresses (légères mouillures).

Estimation : 5000 - 6000
Adjudication : 5 850 €
Description
Belle correspondance artistique et amicale aux galeristes, pendant l'Occupation.

1942.
Brauner est réfugié, avec sa compagne Jacqueline, aux Celliers de Rousset (Hautes-Alpes) : «dans ma tête il y a un énorme moustique en acier qui la remplie et qui continuellement mange ma sécurité dans ses coins les plus obscures, il me la bouffe à jamais comme ce fameux aigle de Prométhée» ( jeudi).«J'espère que rien de facheux ne vous ete arrivé, quoique actuellement tout est tellement fou, que l'on craint à chaque moment pour un ami» (5.XII).

1943.
Il manque d'argent «Le carnet qu'André m'a envoyé est presque fini et avec lui beaucoup d'autres dessins et documents et avec eux des nuages, des nuages de soucis, derrière lesquels ont sent le beau temps»... (22 février). Il remercie de l'envoi des 7000 fr., et espère la fin des «fron­tières noires» (3 mars)... Long développement sur la tortue, si importante dans toutes les mythologies (4.IV). Il a des tableaux au Mexique et vou­drait organiser une exposition en Amérique (5.IV). Il travaille beaucoup, mais commence à manquer de couleurs et de toiles, remplacées par des draps, rideaux, chemises, etc. (22.IV). Demande d'argent : «vous êtes les seules qui pouvez me soutenir en ce moment, où plus que jamais le drame de l'art est rejeté en unanimitée»... (19.V). Longue lettre expliquant sa découverte d'un nouveau procédé : «Dessin à la bougie (ou dessin à la cire, ou “cirage”), avec dessin à la plume.
1944.
Récit d'un rêve où une colombe se transforme en panthère : «Je ne savais pas qu'il existe des Panthères-colombes lisez : (panzer-colonne)»... (mars). Réflexions sur l'illustration (24 avril). Longue lettre (30 mai), don­nant 10 descriptions ou projets de tableaux, certains avec petits dessins ou ornements à la plume :
«La suceuse convultionnaire ou la psylle miraculeuse. Une femme nue de face, en position de marche, tenant dans la main gauche un signe infernal. Sur son visage on remarque les sept ouvertures primordiales qui sont reliées par une flèche, indiquant le développement des fluides. [...] Des doigts de la main droite sortent les cinq fois trois boules diaboliques indiquant une grande force magnétique et captivante. Entre les seins et le nombril, on voit le signe de saturne. Tout l'espace de cette représentation, est entouré en guise de cadre d'un serpent se mordant sa propre queue, comme signe de la totalité des valeurs enfermées»....
1945.
Il est rentré à Paris et a trouvé un petit atelier qui a appartenu au Douanier Rousseau.

— On joint
- 2 l.a.s. par René CHAR aux Gomès (1945),
et
une l.a.s. par Jacqueline Brauner (1944)..
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