Description
stamped with the artist's initials (L. 613a) lower right and annotated “Printemps/Éragny (Esquisse)” and numbered “213” on the reverse 38,5 x 46 cm - 15 1/8 x 18 1/8 in.
PROVENANCE
- Collection Paul-Émile Pissarro (par descendance, 1904).
- A. & R. Ball, New York - Collection Alice Tully, New York (acquis auprès de la précédente).
- Vente, Impressionist and Modern paintings, Drawings and Sculpture, Christie's, New York, 10 Novembre 1994, lot 139 (titré Printemps à Éragny).
- Vente, 19th Century Paintings, Drawings - Sculpture, Sotheby's, Tel Aviv, 11 Octobre 1995, lot 10 (titré Printemps à Éragny).
- Collection particulière (acquis au cours de la vente précédente).
- Vente, Impressionist & Modern Art, Sotheby's, Londres, 6 février 2013, lot 323 (titré Le grand noyer à Éragny, automne)
BIBLIOGRAPHIE
- Ludovic Rodo Pissarro et Lionello Venturi, Camille Pissarro : son art, son oeuvre, Paris : Paul Rosenberg, 1939, référencé volume I sous le n°742, p. 185 et reproduit volume II, pl. 155.
- Joachim Pissarro et Claire Durand-Ruel Snollaerts, Pissarro : catalogue critique des peintures, Paris et Milan : Wildenstein Institute et Skira, 2005, volume III, n°897, reproduit p. 590 « C'est à trois kilomètres de Gisors, dans le village d'Éragny, sur les bords de l'Epte, que Pissarro et sa famille, après avoir quitté Osny en avril 1884, trouvent enfin la maison tant souhaitée : « Oui, nous sommes décidés pour Éragny-sur-Epte ; la maison est superbe et pas chère : mille francs, avec jardin et prés. C'est à deux heures de Paris, j'ai trouvé le pays autrement beau que Compiègne [...] mais Gisors est superbe, nous n'avions rien vu ! » [JBHI, n° 222.] L'artiste loue cette grande demeure pendant huit ans à un certain Dallemagne avant de l'acquérir le 19 juillet 1892, sur l'insistance de Julie et avec l'aide de Monet à qui il emprunte 15 000 francs (adresse actuelle de la maison : 29, rue Camille-Pissarro).
Devenu propriétaire, il entreprend des travaux : en 1893, il aménage la grange en face de sa maison en atelier et modifie un peu son jardin (voir n°1030). Après le décès de son mari, Julie continuera d'y habiter jusqu'à sa mort en 1926. Elle-même d'origine rurale, elle est très populaire dans le village et participe régulièrement aux travaux des champs. Son mari, en revanche, fait figure d'original et cultive des idées politiques qui ne sont pas toujours bien comprises par la population locale. En 1880, Éragny est un tout petit village dont la population s'élève à quatre cent soixante-sept habitants. Situé dans le Vexin français, à soixante-douze kilomètres au nord-ouest de Paris, Éragny est séparé de Bazincourt, le village le plus proche, par l'Epte, une longue et sinueuse rivière qui conflue avec la Seine près de Giverny où Monet a élu domicile en 1883. Un petit pont, jamais visible sur les toiles de Pissarro, traverse l'Epte : à peine un quart d'heure à pied sépare les deux villages. [...] À Éragny, Pissarro exécuta quasiment le même nombre de tableaux, gouaches, pastels et aquarelles qu'à Pontoise (un peu moins de trois cent cinquante huiles), dans une périphérie beaucoup plus réduite ! Bien qu'il ait été séduit par la campagne environnant Gisors au moment où il cherchait à quitter Osny, il ne s'y promena guère avec son chevalet. [...] Mais l'artiste, au désespoir de Julie, ne restait jamais très longtemps dans sa maison d'Éragny : « Quand j'ai annoncé à ta mère qu'il me fallait absolument renouveler mes motifs et mes effets, pour ne pas tomber dans la monotonie, elle m'a déclaré qu'elle irait avec moi [...] ce qui serait absurde [...] comment se feraient les études qui demandent une grande concentration de ses facultés et une absolue tranquillité morale et physique ??... » [JBHIII, n° 990.] En effet, lassé par Bazincourt et par son jardin d'Éragny, il s'absentait souvent : « J'en ai assez des motifs de Bazincourt, avec son gentil clocher, j'ai besoin de me faire une bonne série nouvelle, où irai-je ? » [JBHIII, n° 989.] Afin de varier les sites, Pissarro décida donc d'alterner les deux extrêmes en passant, au gré de ses déplacements, d'un petit village pleinement rural au monde urbain bruyant et débordant d'activités : outre Paris, il développa ses séries de vues urbaines en séjournant dans des villes portuaires telles Rouen, Dieppe et Le Havre ; il entrecoupa ces longs séjours d'études de courts voyages dans des villégiatures estivales accompagné de sa famille (Berneval et Varengeville) et se rendit à plusieurs reprises à Londres pour voir ses fils et une fois en Belgique. Il se déplaçait très régulièrement dans la capitale afin de présenter ses toiles à ses marchands, chercher des amateurs, organiser ses expositions, rencontrer ses amis, peindre et se tenir informé de la vie artistique. De retour chez lui, fatigué par ses fréquents voyages, il ne cherchait alors guère à s’aventurer trop loin de chez lui, peignant inlassablement son jardin et le pré devant sa maison. […] On compte une quarantaine de vues de Bazincourt avec son clocher - motif que Pissarro a répété le plus souvent au cours de sa carrière - auxquelles s’ajoutent des vues plus rapprochées, centrées soit sur la gauche (voir n°833), soit sur la droite (voir n° 902) du clocher. Le n°825 montre aussi deux arbres à la forme caractéristique, fréquemment peints dans ses toiles : un pommier au tronc tordu et un grand noyer situés sur la droite du tableau. Ces points de repère ont permis de classer les tableaux par groupes (voir les groupes autour des nos 755, 815 et 1068) qui soulignent combien, en multipliant les angles de vue, Pissarro donnait l’impression de varier ses motifs élaborés dans un périmètre extrêmement restreint. »
Joachim Pissarro et Claire Durand-Ruel Snollaerts, « VII - Éragny, 1884 - 1903 », in. Pissarro, Catalogue critique des peintures, Volume III, Milan et Paris : Skira et Wildenstein Institute Publications, 2005, pp. 499 et 500