Lot n° 130

[MANUSCRIT] — Recüeil contenant les instructions sur les finances données au Roy par Mgr le Duc d'Orléans le 26 aoust 1722. Avec plusieurs autres mémoires tant sur les Domaines que sur les Fermes générales du royau

Estimation : 6000 - 8000 €
Adjudication : Invendu
Description
Manuscrit de [4] ff. et 174 pp. couvertes d'une écriture moyenne, très lisible, à raison d'environ 20 ou 25 lignes par page, pp. 175-186 vierges. In-folio, veau fauve marbré, triple filet doré, dos orné, tranches dorées, emboîtage moderne de chagrin olive (Reliure de l'époque).Très important manuscrit relatif à l'instruction politique du Roi Louis XV.
Le contexte de cet écrit se situe entre la nomination du cardinal Dubois comme premier ministre, emploi qui n'avait plus été décerné depuis la mort de Mazarin en 1661, et la majorité légale de Louis XV, qui se rapprochait. La nomination eut lieu le 22 août 1722, à neuf heures du soir, quand le Régent présenta au Roi l'ancien précepteur comme principal ministre. Le lendemain, 23 août, Dubois prêtait serment.
Trois jours après seulement, commençait l'instruction politique du jeune Roi, retardée jusque lors par la priorité donnée aux études menées par les précepteurs (dont Fleury, futur principal ministre), mais qui devenait d'autant plus urgente que Louis XV assistait déjà au Conseil de Régence depuis le 18 février 1720. Elle se fit méthodiquement, à raison de cinq leçons d'une demi-heure par semaine, organisées de la façon suivante : le Roi était assis dans un fauteuil devant une petite table et un écritoire ; il était entouré du Régent, du duc de Bourbon, de Fleury, du duc de Charost et du cardinal Dubois. C'est ce dernier en général qui lisait un mémoire rédigé par un expert au nom du Régent, mais pas plus de dix minutes par séances, pour permettre les questions du jeune souverain. C'est le cardinal qui répondait aux questions de Louis XV, mais le duc d'Orléans interrompait de temps à autre l'exposé pour donner une précision ou une explication complémentaire.
Tout ce détail, connu par ailleurs, est au demeurant exposé soigneusement dans la p. 1 de notre Mémoire. Tous les sujets furent passés en revue, et les textes étaient de qualité, rédigés par des spécialistes pris dans les bureaux de cette monarchie déjà administrative (Briquet, premier commis à la Guerre, pour les questions militaires ; Le Dran, chef de dépôt, pour les affaires étrangères, etc.) ; défilèrent ainsi les affaires intérieures et extérieures, militaires et diplomatiques, religieuses, financières... Et c'est précisément par les finances qu'elles commencèrent, le 26 août, à dix heures et demie du matin, comme si cette matière était, après la faillite du fameux Système de Law, la plus importante de toutes. La rédaction du texte lu à Louis XV est probablement due à Lefèvre d'Ormesson, intendant des finances.
Ce manuscrit comprend deux parties distinctes :
1° La Leçon royale sur les finances, dont le contexte est exposé ci-devant, et qui occupe, après la présentation (p. 1) et le discours liminaire du Régent (pp. 2-7), la presque totalité du volume, à savoir les pp. 8-126. C'est un exposé des plus classique des différents types de revenus du Trésor royal, adapté à la compréhension d'un enfant, fût-il royal, et, qui, après deux paragraphes consacrés au Don gratuit (p. 14) et aux impositions en général (pp. 15-30) se concentre sur les parties les plus essentielles des finances : les Traites et les cinq grosses fermes (pp. 31-87) ; les Domaines (pp. 88-126), avec leurs multiples déclinaisons : amortissements, francs-fiefs, aides dites de chevalerie, quints et requints, lods et ventes, cens et rentes, bois, confiscations, amendes, épaves, deshérences et bâtardises, aubaine, nouveaux acquêts, etc.
2) Un Mémoire concernant les fermiers généraux, divisé en neuf sections et occupant les pp. 127-174. Ce mémoire a été rédigé en 1728 ou 1729 par Durant, ancien fermier général (Durand de Mézy, client du duc de Bourbon et à ce titre éliminé par Le Peletier des Forts dans le bail Carlier en 1726), qui l'a adressé à la princesse de Carignan, pour lui démontrer la réalité des extorsions de droits pratiquées par les fermiers généraux aux dépens du Trésor royal (« plus de quarante millions »). La princesse de Carignan l'aurait par la suite transmis au cardinal de Fleury.
Exemplaire du chancelier Henri François d'Aguesseau (1668-1751).
Il a existé plusieurs copies de ce manuscrit, tel le Ms. L. 198 de la collection Lebaudy conservé à la bibliothèque municipale de Versailles. La nôtre a appartenu à l'importante collection réunie par le chancelier d'Aguesseau et a figuré à sa vente (1785, n°4803), où elle fut adjugée 60 livres (adjudication citée dans le Dictionnaire bibliographique de Duclos et Cailleau, t. III, p. 368). D'Aguesseau l'avait peut-être reçue de la famille de sa femme, née Anne-François Lefèvre d'Ormesson (1678-1735).
Bel exemplaire, malgré d'infimes accrocs aux coiffes.
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