Lot n° 268

Farrère Claude. Les Quatre dames d’Angora. Paris et Saint-Jean-de-Luz, 1931-1933 ; manuscrit original in-4 de 419 (mal ch. 418) pp.., reliure de l’époque demi-maroquin bordeaux à coins, filet doré, dos à nerfs (Flammarion).

Estimation : 5 000/6 000 €
Adjudication : 7 953 €
Description
Manuscrit original complet d’un roman paru en 1933 chez Flammarion. Farrère y évoque avec une grande sensibilité la modernisation de la Turquie, pays vénéré par l’auteur, où il séjourna onze fois. Prix Goncourt en 1905, il entra à l’Académie Française en 1935. Le roman se situe dans une Anatolie en pleine évolution avec le choix d’Ankara (Angora) pour capitale, où les influences occidentales et traditionnelles se rencontrent sous la forme d’histoires sentimentales entre Turques et Français. "Le temps des Loti est périmé. Je ne vais pas chercher à Angora des pages d’album. Mais un peuple qui change de peau, c’est intéressant" (c’est le héros, un romancier qui ressemble diablement à Farrère, qui s’exprime). Le manuscrit, très raturé, est écrit sur 419 ff., au recto seul. Il s’agit de l’original fourni à la maison Flammarion, d’ailleurs relié dans ses ateliers. Il est précédé de 11 ff. in-8 montés sur onglets : plan de l’ouvrage, table des personnages qui les situe dans le temps et donne leurs statuts sociaux et familiaux, fiche d’expédition de Flammarion. Aux feuillets 188 et 191, Farrère a écrit à l’encre rouge : 6 mai 1932 - Assassinat du président Paul Doumer. [Je suis] blessé au bras droit - Cinquante jours d’arrêt ! Voici comment Huguette Boussand, dans Les Confidences de l’Elysée, relate la scène : "Le Président (…) se rendit à la fondation Rothschild (…) pour inaugurer la "journée du livre" des écrivains combattants. Au milieu d’une foule élégante et animée, le Président s’arrêtait devant les œuvres de Claude Farrère quand un individu de haute taille se détacha d’un groupe et tira sur lui quatre coups de révolver ; une balle l’atteignit à la tempe, une autre à l’aisselle, sectionnant l’artère axillaire. Paul Doumer s’affaissa au milieu de la stupeur consternée des assistants. Le romancier qui s’était jeté sur l’assassin fut lui-même blessé (…). Le Président, transporté à l’hôpital Beaujon, devait y succomber dans la nuit… ". Passionnant document historique, sociologique et littéraire. Talvart et Place, VI, 331.
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