Description
orné, petites armoiries répétées dans les caissons, tranches rouges (Reliure vers 1860).
TRÈS PRÉCIEUX EXEMPLAIRE DE MONTAIGNE, AVEC SA SIGNATURE AUTOGRAPHE EN BAS DU TITRE : IL EST DEMEURÉ JUSQU’ALORS INCONNU DES SPÉCIALISTES.
Le volume ne figure pas dans la liste dressée par Alain Legros, qui a pu recenser à ce jour 105 livres « rescapés » de la librairie de Montaigne – chiffre auquel on ajoutera un Plutarque de 1565 récemment passé en vente (Alain Legros, Liste des livres de Montaigne et de La Boétie conservés ou attestés, en ligne, mise à jour le 6 avril 2020).
La librairie de Montaigne, c’est-à-dire sa bibliothèque, que l’auteur regardait comme une des belles entre les librairies de village, comprenait environ mille volumes, essentiellement des livres d’histoire (la grande passion de Montaigne) et de belles-lettres. Elle fut dispersée vers 1630 et n’est plus connue que par ces 107 livres – soit environ un dixième de la bibliothèque – qui apparaissent désormais comme de précieuses reliques, témoins des habitudes et de l’activité intellectuelle de l’auteur des Essais : « Chez moy, je me destourne un peu plus souvent à ma librairie [...]. Là, je feuillette à cette heure un livre, à cette heure un autre, sans ordre et sans dessein, à pièces descousues : tantost je resve, tantost j’enregistre et dicte, en me promenant, mes songes que voicy. [...] Elle est au troisiesme estage d’une tour [...]. J’estudiay, jeune, pour l’ostentation, depuis, un peu, pour m’assagir ; à cette heure, pour m’esbatre [...] » (Essais, III, 3).
La liste dressée par Alain Legros fait état de 18 livres en italien, dont un ouvrage sur le Tibre (Bacci, Del Tevere, n°8), les Commentari de Jules César (n°24), des dialogues d’amour de Léon l’Hébreu (n°55), les Antichita della cita di Roma de Mauro (n°62), un Pétrarque (n°75) ou encore un Strabon (n°89).
Nous ne savons pas dans quelles circonstances Montaigne fit l’acquisition de cette Histoire de Milan (édition originale en 1503), que l’historien Bernardino Corio (1459-1519) avait été chargé d’écrire à la demande du Duc de Sforza. En tout cas le sujet pouvait intéresser Montaigne, très cher aux récits que son père, Pierre Eyquem, lui racontait sur les guerres d’Italie – ce dernier participa à la septième guerre et revint sur ses terres en 1529 (cf. Concetta Cavallini, L’Italianisme de Michel de Montaigne, 2003, p. 74) : cette édition augmentée évoque en effet des événements des guerres d’Italie jusqu’en 1535.
La capitale de la Lombardie ne semble pas avoir beaucoup impressionné l’humaniste lors de son voyage d’Italie en 1580-1581. On sait qu’il y fit une brève escale, deux jours à peine ; après avoir quitté Pavie le 26 octobre 1581, et fait un détour pour voir « la plaine où l’on dit que l’armée du Roi François I fut défaite par Charles Quint » (à la bataille de Pavie en 1525), Montaigne arriva à Milan : « C’est la ville d’Italie la plus peuplée, elle est grande, remplie de toutes sortes d’artisans et de marchands. Elle ressemble assez à Paris. On n’y trouve point les beaux palais de Rome, de Naples, de Gênes, de Florence, mais elle l’emporte en grandeur ». Le 27, il décida de visiter les dehors du château, s’y arrêta « tout le jour à cause d’une abondante pluie qui survint », puis repartit le lendemain matin.
L’exemplaire a appartenu au Comte Eugène de Porry (1829-1884), littérateur marseillais et correspondant de plusieurs sociétés savantes, dont l’Académie du Var, avec ses petites armoiries frappées au dos et son nom en lettres dorées en queue. Il est intéressant de noter que la famille de cet écrivain est une lointaine branche de l’ancienne maison milanaise des Porri, établie en France sous Louis XIII et dont le nom est évoqué par Bernardino Corio dans son livre.
Mouillure claire à l’angle des 5 derniers cahiers.