Lot n° 115

Donatien-Alphonse-François marquis de Sade. 1740-1814. Écrivain. L.A.S. (à M. Gauffridi). Paris, prairial an Iv (juin 1796). 8 pp. bi-feuillet in-8.

Estimation : 3 000/4 000 €
Adjudication : 6 380 €
Description
Le marquis de Sade démontre à son avocat Gauffridi, que sa dernière lettre porte à la fois les caractères de l’impudeur, de la fausseté et de la méchanceté. Sont- ce là, Monsieur, les fruits de la reconnaissance que je croyais avoir mérité de vous et des vôtres ? Si cela est, ils sont bien amer… bien à la mode et je vous félicite d’avoir d’aussi bonne heure monté votre âme au ton du jour (…). Il ne veut être responsable des dettes de ses fermiers et réclame le produit de ses domaines ; (…) Je n’ai pas un seul créancier en Provence. Il y a des charges sur mes terres, mais en laissant mes terres à mon régisseur, ces dettes deviennent les siennes (…). Oh tout cela n’est pas sorcier, tout cela se devine aisément. Enfin, les dettes existent et sans doute il faut les payer, mais moi aussi j’existe et moi aussi je veux vivre. Or je ne le puis vu l’extrême cherté des choses (…). Il a besoin d’ici au 1er mai 1797 "exclusivement" de 800 francs en numéraire par mois. À cette époque du 1er mai, vous pouvez compter (…), je vous en donne ma parole d’honneur que de nouveaux arrangemens se prendront (avec ses fermiers…). Je ne puis aujourd’hui entrer dans d’autres détails, mais ils seront pris et nous serons tous en paix, c’est de quoi je puis et dois vous donner ma parole d’honneur la plus sacrée et la plus authentique. Je vous prie donc, Monsieur, et vous devez le peu de baume aux playes que votre lettre m’a faite (…). Ou sinon, Monsieur, vous m’obligeriez à des partis violens et je les prendrai, parce que je n’ai pas envie de mourir de faim pour réparer les sottises de celui qui (…) laisse accumuler des dettes (…). Il fixe le prix des baux pour les terres de La-Coste et de Mazan et s’indigne "des pots de vins énormes" donnés à Mde de Sade. Le marquis poursuit : Monsieur, je vous demande avec instance de prendre bien garde à ce que vous dites lorsque vous parlez de la vente de la grande bastide ; il ne vous appartient pas d’en parler comme vous le faites ni d’oublier que c’est votre père qui l’a vendue (…). Il détaille encore ces comptes et reproche la mauvaise gestion de ses affaires par Mde de Sade pendant ses 13 années de détention ; j’eux alors obtenu à ma sortie un bien, clair et net. C’eut été ce qui s’appelait régir en mère de famille et non en mère de couvent comme elle la fait (…).Il est déterminé à vendre Mazan, de garder Saumane qui sera son "quartier général" lorsqu’il descendra en Provence, ne devant conserver que le strict nécessaire en mobilier, et ne veut entendre parler d’aucune dette ; Gaufridi a eu le tort de s’apitoyer sur le sort de ce Langlois qui est un très mauvais sujet et un tenur perpétuel de mauvais propos, ajoutant : Je ne sais pourquoi vous me parlez de ce que je puis devoir à Mde de Sade. Vous a-t-elle chargé de me parler de sa dette ? ou est-ce de la profonde vénération dont vos parents sont bien mal à propos, pénétrés pour elle qui vous engage à la joindre au tableau ? Je vous demande instamment de la tenir très à l’écart de toutes nos affaires ; le moyen le plus sûr d’être mon ennemi étant d’être dans ses bonnes grâces, soit dit en passant et pour toujours (…). Etc.
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