Description
à sa maîtresse sur sa conduite à l'égard de sa femme de chambre.
Qu'elle ne prenne pas ombrage de la franchise de son ami, ni n'y voie le désir de critiquer ses actions, ou une secrète envie de la tracasser : «si je traite ce sujet c'est par le chagrin que j'éprouve de savoir une fois injuste celle que j'ai toujours vue bonne équitable et sensible. Votre conduite avec Cécile m'a fait beaucoup de peine je vous assure et si je ne suis pas content de vous en cette occasion je suis bien assuré que vous-même n'êtes pas sans vous faire quelques reproches, croyez vous que j'outrepasse mes droits en vous parlant ainsi croyez-vous qu'il ne soit pas du devoir d'un ami de montrer au moins, à celle qu'il aime les moyens de réparer une faute que la vivacité a pu faire commettre, je sais que l'amour propre rallentit souvent les meilleurs mouvements du coeur et laisse durer un mal qu'on réparerait si aisément. Je viens donc essayer de vous donner la force et le courage d'etre ce que vous devez être ce que je vous ai cru, ce que je vous crois encore, humaine et juste, vous aimerais-je autant s'il en était autrement. Cécile peut être négligente, je le veux croire, mais vous trouverez-vous une plus excéllente créature, plus discrete, plus dévouée [...] je ne vous crois pas facile à servir, entre nous»...
Son amie souffre, voilà son excuse, mais Cécile aussi, «elle doit se taire et ne peut consacrer à sa santé que le peu de temps qui n'est point employé aux soins qu'exige le vôtre : est-ce donc un peu plus de fortune, un peu plus de bonheur qui vous fait oublier sitôt que nous avons tous la même origine, que nous retournerons également au néant et que pour un passage aussi court quelle excuse raisonnable pourrions-nous alléguer pour refuser aux autres un peu de cette pitié dont nous avons tant besoin nous-mêmes. Je n'ose point parler de votre vivacité, je ne sais comment la qualifier ; mais assurément elle vous fait plus de tort qu'a la malheureuse Cécile votre servante, votre confidente, elle a pu avoir bien des torts à votre égard avant que votre violence puisse être motivée. Vous avez oublié dans ce moment là tout ce qui fait le charme d'une femme, la douceur [...], et votre propre dignité en vous exposant par votre exemple [à] faire perdre le respect qui est peut-être la seule chose qu'on puisse exiger avec juste raison d'un domestique»...
Il désire de tout coeur que son amie comprenne, et surtout que cette lettre lui parvienne avant qu'elle n'ait poussé au bout son projet. «Jugez que si je vous parais délicat sur le choix de vos ajustements je le suis bien plus encore sur votre manière d'être avec ceux qui vous aiment ou vous servent»...
L.A., Monday evening [early 1822 ?], to Mme TROUILLARD, rue de Choiseul n° 13 in Paris ; 3 pages in-8, address (small lack by break of seal with loss of an end of line and small crack at the fold). — Reproaches to his mistress about her conduct towards her maid. — Let her not take offence at her friend's frankness, nor see in it a desire to criticize her actions, or a secret desire to bother her : "if I deal with this subject it is because of the grief I feel at knowing that she is once unjust, whom I have always seen as good, fair and sensitive. Your conduct with Cécile has caused me great pain, I assure you, and if I am not happy with you on this occasion I am quite sure that you yourself are not without some reproaches. Do you think that I am overstepping my rights in speaking to you in this way? Do you think that it is not the duty of a friend to show at least the one he loves the means of repairing a fault which vivacity may have caused him to commit? So I have come to try to give you the strength and courage to be what you should be, what I believed you to be, what I still believe you to be, human and just, would I love you as much if it were otherwise? Cecile can be negligent, I want to believe it, but will you find a more excellent creature, more discreet, more devoted [...] I do not believe you are easy to serve, between us"... Her friend suffers, that is her excuse, but Cécile too, "she must remain silent and can only devote to her health the little time that is not used for the care that yours requires : is it then a little more fortune, a little more happiness that makes you forget that we all have the same origin, that we will return equally to nothingness and that for such a short passage what reasonable excuse could we allege to refuse to others a little of that pity that we ourselves need so much. I dare not speak of your vivacity, I do not know how to describe it ; but it certainly does you more harm than it does the unfortunate Cecile, your servant and confidante, who may have been very wronged by you before your violence could be justified. You forgot at that moment everything that makes up the charm of a woman, gentleness [...], and your own dignity by exposing yourself by your example [to] the loss of respect which is perhaps the only thing that can be justly demanded of a servant"... He wishes with all his heart that his friend would understand, and above all that this letter would reach him before she had pushed her project to the end. "Judge that if I seem delicate about the choice of your adjustments I am much more so about your way of being with those who love you or serve you"...