technique d'impression.
Il profite d'un départ par la Nouvelle-Zélande «pour vous envoyer quelques gravures. Presqu'en même temps que cette lettre vous allez recevoir les quelques toiles qu'un colon veut bien emporter avec lui et qui sont faites comme on dit de bric et de broc. Quand est-ce vais-je pouvoir me remettre au travail sérieusement et surtout sans être malade ?
Dans ma dernière lettre j'ai oublié (si Vollard fait l'affaire et se charge d'envoyer couleurs ; j'ai oublié les pinceaux. Il me faudrait une douzaine ½ de pinceaux de marthe [sic] pour faire des traits, gros et courts, [Gauguin dessine trois pinceaux de taille différente], et une vingtaine de brosses de différentes dimensions.
Autre chose. Si Vollard fait l'affaire ; je voudrai bien que vous m'envoyez une petite pharmacie homéopathique avec un guide très simple, d'ailleurs là-dessus vous êtes très ferré. Je ne sais si en globules ou en liquide c'est préférable dans nos pays chauds, vous verrez. Non seulement ce sera utile pour moi mais aussi pour les indigènes qui se soignent malheureusement trop au hasard avec leurs herbes, très bonnes quelques unes mais dangereuses quand c'est au hasard. En ce pays les maladies en général sont maladies de peau, prurigo tenace, et siphilis, chaudepisse, furoncle, astme. (Aconit, noix vomique, surtout). Bien entendu tout cela n'est à acheter que s'il y a de l'argent à la clef car jusqu'à ce que j'ai une réponse de Vollard il me faut vivre de l'air du temps. Autre chose : dans ces derniers temps où je me suis livré à pas mal de recherches d'impression, j'ai fait une découverte qui dans un temps donné sera tout un chambardement dans l'imprimerie surtout l'édition avec une économie immense et beauté d'impression. Il me fallait un chimiste pour le perfectionnement de l'idée première et il y a ici un ancien capitaine d'artillerie ayant quitté l'armée pour un tas de saloperies, mais excessivement capable et avec lequel je me suis mis vite d'accord. (Malheureusement je n'ai pris aucune garantie vis à vis de lui et il se pourrait bien que mon gaillard tire parti du brevet dont il s'occupe en ce moment pour lui tout seul). Ma foi dans l'état où je suis, je laisse courir les choses avec beaucoup de mollesse, et je ne compte sur rien : d'ailleurs ce ne sera pas la seule fois où j'aurai travaillé pour les autres, n'est-ce-pas !!»...
Lettres de Paul Gauguin à Georges Daniel de Monfreid (Paris, Crès, 1919, n° LX, p. 275).
L.A.S. "Paul Gauguin", [Tahiti] 27 January 1900, to Daniel de MONFREID ; 2 pages in-4. — Beautiful letter from Tahiti, with three brush drawings, while he is waiting for money from Vollard, and experimenting with a printing technique. — He is taking advantage of a departure via New Zealand "to send you a few prints. Almost at the same time as this letter you will receive the few paintings that a colonist wants to take with him and which are made, as they say, of odds and ends. When will I be able to get back to work seriously and above all without being ill? — In my last letter I forgot (if Vollard will do the job and send colours ; I forgot the brushes. I should need a dozen and a half marthe [sic] brushes to make lines, large and short, [Gauguin draws three brushes of different sizes], and about twenty brushes of different sizes. — Another thing. If Vollard does the job ; I would like you to send me a small homeopathic pharmacy with a very simple guide, besides, you are very good at it. I don't know if it is better in globules or in liquid form in our hot countries, you will see. Not only will it be useful for me but also for the natives who unfortunately treat themselves too randomly with their herbs, some of which are very good but dangerous when taken randomly. In this country the diseases in general are skin diseases, tenacious prurigo, and siphilis, clap, furuncle, astme. (Aconite, vomitus nut, especially). Of course all this is to be bought only if there is money in it, for until I get an answer from Vollard I must live on the air of the times. Another thing : in these last few days, when I have been doing a lot of research into printing, I made a discovery which in a given time will be an upheaval in the printing industry, especially in publishing, with an immense saving and beauty in printing. I needed a chemist to perfect the first idea and there is a former artillery captain here who left the army for a bunch of crap, but who is extremely capable and with whom I quickly came to an agreement. (Unfortunately I did not take any guarantee from him and it could well be that my fellow will take advantage of the patent which he is currently working on for himself) ) Well, in the state I am in, I let things run very slowly, and I don't count on anything : besides, this won't be the only time I will have worked for others, will it! — Letters from Paul Gauguin to Georges Daniel de Monfreid (Paris, Crès, 1919, n° LX, p. 275).
