Lot n° 56

DELACROIX Eugène (1798-1863). — L.A.S. «EDx», Dimanche 25 [ juin 1843, à Charles SOULIER] ; 3 pages in-8.

Estimation : 800 - 1000
Adjudication : Invendu
Description
Il est au milieu des paquets : «Je vais passer quelques jours avec mon frère à Vichy, non pas pour prendre les eaux (moi s'entend) mais pour lui tenir compagnie. Je trouve cela plus tôt fait que d'aller à Bordeaux. J'ai une grande appréhension de trouver là tout le contraire du repos dont j'ai besoin. Depuis que j'ai pris la résolution d'y aller, je connais je ne sais combien d'êtres plus ou moins ennuyeux que j'y dois rencontrer et qui changeront ce lieu là pour moi en une rue de Paris, dans laquelle on serait plus entassé qu'à Paris même. Enfin, Dieu est grand. - Les orages continuels me tuent [...] Si l'été continue de la sorte, il n'y aura ni santé, ni peinture, et j'entends dire aussi ni bled, ni avoine ni rien».
Il a rencontré dans un salon un ancien ami de Soulier, M. de Bourcet : «Que ce monde est bizarre. Voilà un être que j'ai vu une seule fois rue de Grenelle il y a tantôt 20 ans. Qu'a t'il fait depuis, qu'avons-nous fait nous-mêmes, pourquoi sommes-nous encore là, pourquoi d'autres n'y sont-ils plus ? Inexplicable vie, abyme de tristesse et d'ennui quand on regarde par-dessus le bord. Il faut se tenir coi dans son coin comme des passagers dans leur cabine et ne pas sonder même du regard la profondeur des abymes qui nous environnent. Tu vois cher, que même en te parlant, moi qui ne devrais qu'être heureux en m'occupant de toi, je trouve le moyen de songer au laid de la vie. Mais il fait un orage du diable, je fais des paquets pour partir, choses atroces pour moi à un point égal. Il ne manque plus que la diligence pour completter mon martyr»...

— Correspondance générale (t. II, p. 140).

L.A.S. "EDx", Sunday 25 [June 1843, to Charles SOULIER] ; 3 pages in-8. — He is in the middle of the packages : "I am going to spend a few days with my brother in Vichy, not to take the waters (me of course) but to keep him company. I find that sooner than going to Bordeaux. I have a great apprehension of finding there the very opposite of the rest I need. Since I made up my mind to go there, I know I don't know how many more or less annoying people I must meet there and who will turn that place into a Paris street for me, where one would be more crowded than in Paris itself. Finally, God is great. - The continuous storms are killing me [...] If the summer goes on like this, there will be no health, no painting, and I also hear that there will be no wheat, no oats or anything". — He met an old friend of Soulier's, M. de Bourcet, in a salon : "How strange this world is. Here is a being that I saw only once in the rue de Grenelle, some 20 years ago. What has he done since then, what have we done ourselves, why are we still here, why are others no longer here? Inexplicable life, an abyss of sadness and boredom when you look over the edge. We have to stand still in our corner like passengers in their cabins and not even look into the depths of the abyss that surrounds us. You see, dear, that even while talking to you, I, who should only be happy in caring for you, find a way to think about the ugliness of life. But it's a devil of a storm, and I'm packing to leave, which is as bad for me as anything else. The only thing missing is the stagecoach to complete my martyrdom"... — Correspondance générale (t. II, p. 140).
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