Lot n° 36

DELACROIX Eugène (1798-1863). — 2 L.A.S. «Eugène Delacroix», novembre-décembre 1818, à Achille PIRON, «employé à l'administration des Postes, Hôtel des Postes», à Paris ; 1 page in-4 avec adresse au verso (adresse biffée avec petites...

Estimation : 1500 - 2000
Adjudication : 3 640 €
Description
corrosions d'encre, et déchirure au cachet enlevant 5 fins de lignes), et 1 page in-8 avec adresse.
•[Forêt de Boixe] 6 novembre 1818. Il lui répond par retour pour que «ma lettre ne soit pas précédée par son auteur. Si le voyage pour retourner se fait aussi vite que celui de la venue, je ne tarderai pas à être à Paris. Notre voyage se fit en deux jours ; encore nous arrêtâmes-nous à Tours. Mais notre voiture était légère et nous allions comme le vent. Depuis Poitiers environ jusqu'ici, nous luttâmes avec le Courrier et nous eûmes plus d'une fois le plaisir de lui passer devant. Je crains malheureusement que les chemins ne nous permettent pas en retournant cette charmante allure. [...] Quoi qu'en dise M. Enfantin je suis forcé de n'être pas de son avis sur l'a[rticle] de la fourrure. J'ai sous les yeux un bonnet des plus fourrés, dont les poils so[nt plus] fermes que les cheveux sur ta tête de vingt ans, et qui fut tué l'année de[rnière à] la fin d'août ou en septembre. M.Mrs les gardes qui ne manquent pas d'expér[ience disent qu']ils voient plus de renards en six mois que nous ne voyons d'alouettes en un [an, ils] assurent que la préparation est pour beaucoup dans la présente chose : ce qui est important surtout c'est si elle a été faite peu ou beaucoup de temps après la mort de l'animal. Comme la chasse retient dans ce pays à une part de mes regrets j'ose espérer que tu me feras partager quelques-unes de tes parties surtout sous les auspices d'un chasseur comme Mr Buissonneau qui m'a l'air d'être plus fort sur l'abstrait de la chasse que sur le concret, je veux dire sur la théorie que sur la pratique. Quand ce ne serait que pour tirer quelques alouettes, le plaisir de brûler de la poudre est quelque chose pour un apprenti». Il évoque les soirées musicales avec PIERRET et sa flûte : «Viendra peut-être un temps où nous le charmerons par nos délicieux duos. Si mes projets ne s'en vont pas en fumée, je compte étudier un peu cet hiver. Je verrai aussi avec grand plaisir le cahier de notes que tu t'es occupé à faire ; cela prouve que tu ne renonces pas au travail et peu à peu tu y trouveras peut-être plus de charmes que dans tout le reste»...
•[Paris] 16 décembre 1818. Il le charge d'envoyer un paquet à Bordeaux. «J'eusse désiré te le porter moi-même, car il y a fort longtemps que je ne t'ai vu. Mais cela m'a été impossible et je ne sais encore quand je pourrai avoir ce plaisir»...

Lettres intimes (XI, p. 60, et XIII, p. 66).

2 L.A.S. "Eugène Delacroix", November-December 1818, to Achille PIRON, "employé à l'administration des Postes, Hôtel des Postes", in Paris ; 1 page in-4 with address on verso (address crossed out with small ink corrosions, and tear to the stamp removing 5 line ends), and 1 page in-8 with address. [Forêt de Boixe] 6 November 1818. He replies by return so that "my letter is not preceded by its author. If the journey to return is as quick as the one to come, I will not be long in Paris. Our journey was made in two days ; again we stopped at Tours. But our car was light and we went like the wind. From Poitiers to here, we fought with the Courier and more than once had the pleasure of passing it. I am afraid that the roads do not allow us to return to this charming pace. [...] Whatever Mr. Enfantin says, I am forced to disagree with him about the fur article. I have before my eyes a most furry bonnet, the hair of which is firmer than the hair on your twenty-year-old head, and which was killed last year at the end of August or in September. M.M. les gardes qui ne manque pas d'expér[ience disent qu'ils voient plus de renards en six mois que nous ne voient d'alouettes en un [an], ils] assurent que la préparation est pour beaucoup dans la présente chose : ce qui est important surtout c'est si elle a été faite peu ou beaucoup de temps après la mort de l'animal. Since hunting in this country is a source of regret to me, I dare to hope that you will share some of your games with me, especially under the auspices of a hunter like Mr. Buissonneau, who seems to me to be stronger in the abstract of hunting than in the concrete, I mean in theory than in practice. When it would only be to shoot a few larks, the pleasure of burning powder is something for an apprentice". He evokes the musical evenings with PIERRET and his flute : "Perhaps there will come a time when we will charm him with our delicious duets. If my plans do not go up in smoke, I intend to study a little this winter. I will also be very pleased to see the notebook you have been working on ; it proves that you do not give up work and little by little you will perhaps find more charm in it than in anything else... [Paris] 16 December 1818. He asks him to send a package to Bordeaux. "I would have liked to carry it to you myself, for it is a long time since I last saw you. But it has been impossible for me and I do not know yet when I shall have this pleasure"... — Lettres intimes (XI, p. 60, and XIII, p. 66).
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