Lot n° 60

CÉLINE (Louis-Ferdinand) — Les Beaux Draps.

Estimation : 1500 - 2000 €
Adjudication : 1 875 €
Description
Paris, Nouvelles Éditions françaises, [25 février] 1941. In-12, broché, couverture imprimée.
Edition originale du quatrième et dernier pamphlet politique de Céline. Il fut publié par une filiale d’édition que Robert Denoël fonda le 20 novembre 1940, pour pallier la fermeture par l’occupant des Éditions Denoël, et dont les publications seront prétexte à un procès (la première collection traite des Juifs en France).
Le titre original Notre-Dame de la Débinette, a été remplacé par Les Beaux Draps renvoyant clairement à la situation déplorable de la France, qui n’a pas écouté les avertissements céliniens, et à la débâcle de juin 1940.
La dédicace à la corde sans pendu pose question. Pour les uns, comme Ph. Alméras, elle fait allusion au manque de cruauté des vainqueurs ; pour les autres, comme É. Mazet, elle renvoie à une expression de Bagatelles pour un massacre (p. 302) désignant les manigances et les responsabilités des juifs.
Écœuré par la défaite, Céline dresse le tableau d’un avenir noir, celui d’un communisme petit-bourgeois, où l’école est un lieu « de torture pour la parfaite innocence » ; par ces sarcasmes, il est accusé de démoraliser l’armée et les familles françaises : l’édition est interdite en zone libre le 4 décembre 1941, mais quelques exemplaires seulement sont saisis. « C’est un livre de patriotisme lyrique, de communisme fantaisiste et fantastique, auquel personne d’ailleurs n’a rien compris » (Lettre à A. Zuloaga, 3 avril 1947 : in Lettres, La Pléiade, 2009, p. 874).
Néanmoins, on retient le lyrisme, la mélancolie et la poésie des dernières pages qui ouvrent sur l’éloge des beaux-arts, la musique, l’école (« L’école doit devenir magique ou disparaître, bagne figé »), la banlieue, la médecine…
Tirage sur grand papier limité à 305 exemplaires numérotés.
Un des 245 exemplaires sur pur fil Lafuma (n°XVII), second papier après 60 sur arches.
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