Lot n° 175

[RIMBAUD (Arthur)]. — Izambard (Georges) — Lettre autographe signée à Marcel Coulon. Neuilly-sur-Seine, 11 août 1927. 2 pp. 1/2 in-12, enveloppe conservée.

Estimation : 300 - 400 €
Description
« Merci pour ce numéro de La République de l'Oise où, rien qu'en citant incidemment mon nom, vous semblez m'associer d'intention à l'éloge délicat que vous donnez à notre délicieux et croyant ami. Vous m'annoncez que ce même journal donnera prochainement un compte-rendu de ma plaquette [de lettres et écrits inédits d'Arthur Rimbaud, À Douai et à Charleville], et aussi, que les documents essentiels figureront dans une nouvelle publication de vous qu'éditera au début de l'année prochaine la Société du Mercure. Je vous rends grâce pour toutes ces bonnes nouvelles, mais plus encore pour le désir que vous exprimez de venir me voir. Oui, sûrement, je vous attendrai le mardi, 16... dans ce même cabinet de travail où vous êtes venu un jour avant de présider ma conférence au Caméléon. Mais, depuis, j'ai été fortement touché par l'âge et les infirmités... ce qui ne m'a pas empêché d'aller passer sept mois en Tunisie, où j'ai fait des conférences à Tunis et à Sousse ; mais depuis le milieu de mai, j'ai réintégré la rue Théophile Gautier, où je travaille cahin-caha... » Professeur de rhétorique d'Arthur Rimbaud à Charleville, Georges Izambard (1848-1931) prit un soin particulier du jeune garçon surdoué, le dirigea dans ses lectures, lui ouvrit sa bibliothèque, l’encouragea à écrire et lui prodigua des conseils littéraires, certes plus ou moins bien avisés. Arthur Rimbaud trouva d'abord en lui le guide, le confident voire le père qu’il recherchait : désespéré de le voir repartir pour Douai à l’été 1870, il fit une première fugue pour le retrouver (juillet 1870) et, arrêté et emprisonné, l’appela à l’aide en lui écrivant : « Je vous aime comme un frère, je vous aimerai comme un père » (5 septembre 1870). Il fugua une seconde fois pour se rendre chez lui à Douai, puis, de passage à Paris, entretint un temps une correspondance avec lui. Malheureusement, Georges Izambard ne comprit pas le drame qui se jouait chez son jeune ami et répondit à la légère à la sublime lettre du 13 mai 1871 qui traitait des théories de « voyance » et contenait le poème « Le cœur supplicié » : Rimbaud, profondément blessé, s’éloigna alors de lui. Par la suite, Georges Izambard occupa des postes successifs de professeur dans différentes villes dont finalement Paris, s’occupant également de journalisme. Il prit part aux recherches et polémiques autour d'Arthur Rimbaud, et publia entre autres des lettres et écrits inédits de celui-ci, avec commentaires, dans À Douai et à Charleville (Paris, Simon Kra, 1927).
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