Lot n° 174

[RIMBAUD (Arthur)]. — Delahaye (Ernest) — 4 lettres autographes signées et un manuscrit autographe, adressés à Marcel Coulon. Maisons-Laffitte, 1925-1929.

Estimation : 1000 - 1500 €
Description
16 décembre 1924. Ernest Delahaye évoque des publications récentes ou à venir sur Arthur Rimbaud et sur Paul Verlaine, évoque le souvenir de Verlaine marié à Mathilde Mauté, et sa propre préface à l'édition du volume de Germain Nouveau Poème d'Humilis et verts inédits. Dans un manuscrit autographe qu'il joint à cette lettre, il propose une notice autobiographique, listant ses publications notamment relatives à Rimbaud (3 pp. 3/4 in-12 et 4 pp. in-12, enveloppe conservée). — 28 mai 1925. « ... Rimbaud aimait en art des choses qui lui manquaient. Signe de bonne foi, n'est-ce pas ? Il adorait Banville dont il devait bien sentir, pourtant, que la légèreté si gaie, si charmante, lui était interdite, à lui le tourmenté. Il aimait aussi – j'en ai eu la preuve – la faculté de composition. Vous avez dû remarquer qu'elle lui manque plus ou moins. Il est, pour composer un morceau régulièrement, complètement, trop bouffées d'émotions... Je travaille en ce moment une étude sur la Saison en enfer. Entre autres explications de la nature de Rimbaud, j'ai déjà sur le chantier plusieurs phrases concernant son amour de l'indépendance... Vous recevrez prochainement mes Souvenirs familiers à propos de Rimbaud, Verlaine et Germain Nouveau, qui contiennent certainement trop de choses puériles : c'est des petites bêtises d'écoliers, n'ayant d'autre intérêt que de faire revivre quelques minutes du "terrible adolescent"... » (4 pp. in-8, enveloppe conservée). — 8 juin 1929. « ... [Georges] Izambard me charge de vous transmettre la Revue méditerranéenne, c'est-à-dire une coupure envoyée par l'Argus. N'est-ce pas ? Comme il est joli son article, et que l'étude puissante publiée par vous dans le Mercure a eu un résultat que vous pouvez bien n'avoir pas attendu : rendre ses vingt ans à l'ami, je pourrais dire : à l'auteur de Rimbaud. Et j'attendrai – "avec gourmandise", comme s'exprimait l'homme d'Une Saison en enfer – le volume de Marcel Coulon... » (2 pp. in-16 oblong, enveloppe conservée). — 29 juin 1929. Souvenirs sur Rimbaud : « ... Voici un détail qui me revient. Je lui demandais, quelques semaines plus tard : "Alors qu’est-ce qu’ils disaient, les cloportes, quand tu fumais ta pipe marteau ?" L’admirable poète me répondit, avec un doux sourire : "Ça les faisait dégueuler."... » Ernest Delahaye évoque aussi les rapports d'Arthur Rimbaud avec Paul Verlaine, Léon Valade, Charles Cros (6 pp. in-8). — Joint, 3 enveloppes avec adresses autographes, dont 2 signées. Condisciple de Rimbaud au collège de Charleville, Ernest Delahaye (1853-1930) devint son camarade inséparable : ils parcouraient ensemble rêveusement la campagne ; Arthur Rimbaud lui lisait ses poèmes, comme « Le bahut » ou « Le dormeur du val », et lui fit recopier les vers qu’il expédia à Verlaine au cours de l’été 1871. Arthur Rimbaud partit mais, malade à son retour de Chypre, revint voir plusieurs fois Ernest Delahaye jusqu’en mai 1879. En 1882, encore, il demanderait par lettre à Ernest Delahaye de lui faire parvenir des livres et instruments scientifiques en Afrique pour lui permettre de se mettre comme explorateur au service de la Société de géographie. Devenu professeur en institutions, Delahaye occupa successivement des postes dans plusieurs villes avant d’entrer au ministère de l’Instruction publique à Paris. Il se lia avec de nombreux poètes dont Germain Nouveau, et surtout Paul Verlaine auquel il servit d’agent littéraire. Il consacra plusieurs publications à ses relations littéraires : dès 1898, il édita avec Paterne Berrichon Les Œuvres de Jean-Arthur Rimbaud, puis publia des souvenirs : Rimbaud (1905), Rimbaud, l’artiste et l’être moral (1923), Souvenirs familiers à propos de Rimbaud, Verlaine, Nouveau (1925)...
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