Lot n° 115

[D'ANNUNZIO (Gabriele)] — [Phèdre]. Manuscrit de deux mains, soit le corps du texte d'une première main avec corrections d'une seconde main. 215 ff., grand in-folio et petit in-folio à l'encre noire et rouge ; quelques taches.

Estimation : 500 - 600 €
Description

Traduction française ancienne du livret de l'opéra d'Ildebrando Pizzetti, abrégé du texte de Gabriele D'Annunzio. Réunion de deux rédactions, chacune avec incomplétudes, mais complémentaires, soit : un manuscrit de 57 ff. grand in-folio avec rabats, pour le premier acte (19 ff.) et pour le troisième acte (38 ff.), avec un manuscrit de 158 ff. petit in-folio, pour le premier acte (69 ff.) et pour le second acte (89 ff.). L'interprétation du mythe de Phèdre par Gabriele D'Annunzio. En 1908-1909, l'écrivain travailla à sa tragédie Fedra, en cinq actes et en italien, qui fut créée et publiée en 1909. Il est connu que la maîtresse de Gabriele D'Annunzio, Natalia Goloubiev, commença sans l'achever une traduction française. Par la suite, le compositeur Ildebrando Pizzetti tira du texte italien un livret condensé en trois actes sur lequel il composa la musique d'un opéra créé à Milan en 1915. L'écrivain André Doderet (dont ce n'est pas ici l'écriture) traduisit en français ce livret pour la création française de l'opéra à Paris en 1923. Cette version serait encore utilisée sur scène en 1926 avec une musique de scène d'Arthur Honegger. La traduction de la première main est ici fort littérale, quoique les corrections de la seconde main en lissent les maladresses les plus criantes. Elle est en tout cas entièrement différente de celle d'André Doderet. « ... [À l'encre noire :] Phèdre. Ah, tu m'as entendue, déesse. Je te vois blanche. Je te sens blanche dans toute moi, je te sens glacée dans toute moi, mais non par terreur, ce n'est pas par terreur, que je te regarde. je regarde tes pupilles cruelles comme tes flèches. Et je tremble, oui, mais d'un froid qui m'est versé par une autre ombre qui est plus profonde que ton ombre. Hippolyte est avec moi. J'ai posé sur lui mon voile, car je l'aime. Voilé pour l'Invisible. Je le porterai sur mes bras d'azur car je l'aime. Ô, très pure, il se croyait aimé de toi, et il t'invoqua. Mais l'amour d'une déesse peut être vil. Regarde-moi. Je vois poser la flèche sur le luisant arc tendu. Je n'ai plus de sang humain dans mon cœur ni de frémissement. Et tu ne peux pas atteindre avec la flèche mon autre vie. Je vaincs encore ! [Didascalie à l'encre rouge :] Elle tombe à genoux près du cadavre, exhalant un léger cri comme un souffle sortant de son cœur qui se brise. Mais avant de s'abandonner expirante au-dessus du voilé, elle relève la face nocturne où le sourire tremble avec les dernières paroles. et vous sourit, ô étoiles, à la nuit tombante, Phèdre inoubliable. »

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