Description
Belle correspondance amicale. Une grande et longue amitié, les difficultés dans une Algérie de plus en plus déchirée, puis la guerre et la résistance à Paris, mais surtout l’espoir et une immense envie de vivre et de vivre heureux pour conjurer l’absurde, parcourt cette correspondance. Camus dira : «… plus qu’être heureux, je veux être conscient ». Sa vie et son œuvre sont le témoignage de ces deux volontés, qui furent brisées les premiers jours de 1960. Lettres d’Algérie — 1937-1939 — [Alger, vrais. 1937]. – 3 lettres et un billet autographes signés, à en-tête de la revue Rivages. « Dimanche », 2 pp. ½ Il regrette la disparition du Théâtre de l’Équipe qu’il animait et la dispersion de toute cette jeunesse et de toute cette vie. Il l’encourage vivement à aller à la mer : « Avez-vous fait ce qu’il faut pour être heureuse... Écrivez-moi ». – « Jeudi », une page in-4, datée de Fort National, où il dit avoir rencontré une misère effroyable. – « Jeudi », Une courte lettre pour fixer un rendez-vous pour aller se promener dans la Casbah. L’ensemble. 4 pp. ½ in-8. — [Alger, 1939]. – 2 lettres autographes signées, à en-tête des Éditions CAFRE à Alger. « Mercredi ». Pour lui annoncer sa venue à Oran, où il pense voir Francine Faure, qui deviendra sa deuxième femme en 1940. Il dit rêver d’une grande maison hors d’Europe, de mer et d’un nouvel état, qui serait celui de la jeunesse et de l’amitié. – « Jeudi 30 novembre ». Dans cette seconde lettre il lui fait part de ses difficultés et se dit assez découragé : « ... Ce qu’il y a de sûr c’est que j’ai besoin de vivre et d’être heureux... garder mes joies malgré la guerre ». Il craint cependant que la guerre ne supprime bien des choses, et lui demande de lui écrire pour lui parler de sa vie à Oran. L’ensemble, 3 pp. in-4. — [Alger, 1939]. « Jeudi ». Lettre autographe signée, à en-tête du quotidien Alger Républicain, une page ½ in-4, taches d’encre bleue au dos. Il cherche à la conseiller dans une situation particulière où elle dit se trouver, en l’encourageant à demeurer elle-même et à se conformer à sa vrai nature, sans accepter de compromissions : « ... Il vaut mieux tout perdre que de gagner à moitié ». Devenu Le Soir-républicain le quotidien fut censuré, puis interdit de publication en septembre 1939. — [Alger]. Télégramme daté 24 juin 1939 (cachet postal), déchirures. Pour la renseigner sur le déroulement du procès Hodent, qu’il suivait en tant que journaliste, et pour la rassurer. — [Alger, fin juin 1939]. S.l.n.d., une page in-4 (manque dans la partie supérieure, avec légère perte de texte). Le procès Hodent qu’il a suivi en tant que journaliste ayant pris fin, il se dit libéré : « ... Hier soir la procès a été clos. Ce matin je suis libre... j’irai me baigner pour la première fois depuis huit jours... ». Et parle de vouloir aller en Grèce. — [Alger, été 1939]. S.l.n.d., une page in-4, ente en partie inférieure. Il se dit écœuré et lassé de tout et ne plus vouloir aller en Grèce : « ... Si la guerre n’éclate pas demain, je serai mardi à Oran, et j’irai une ou deux semaines à Sainte Clotilde... j’espère que l’affreuse chose qu’on nous prépare s’éloignera de nous... » — [Alger, été 1939]. « Dimanche, Villa Garric à Saint Eugène », une page in-8. Il lui apprend la perte de son emploi au journal : « Depuis cinq jours le journal, après avoir été saisi, est suspendu définitivement. Je suis chômeur... ». Il pense devoir abandonner la maison qu’il avait louée à Notre Dame d’Afrique. — [Alger, 1939]. « Mardi », une page in-4, plis marqués. Il s’inquiète de la savoir malade et lui conseille d’être patiente : « Il faut apprendre à être malade comme on apprend à être sain ». Il regrette que l’aventure du Théâtre de l’Équipe soit finie : « ... tant de jeunesse et d’amitiés... puis, avez-vous pris des bains, des bains de soleil... » — [Alger, fin 1939, début 1940]. S.l.n.d. « Mercredi 9h », une page in-4, plis marqués. Pour lui apprendre qu’il se prépare à quitter l’Algérie en raison des difficultés qui lui sont faites : « ... Je quitte Alger où l’on me rend la vie systématiquement impossible. Je serai dimanche soir à Oran, où l’on m’a trouvé quelques leçons qui me permettront d’attendre un emploi de journaliste qu’on va me procurer à Paris... ». Il rejoindra à Paris Pascal Pia pour travailler avec lui à Paris-Soir début 1940. — [Alger]. 5 billets ou courtes lettres autographes, états divers, la plupart pour fixer des rendez-vous à Alger, ou pour annoncer sa venue à Oran. Lettres de France — 1940-1956 — [Paris, début 1940]. « Mardi, une page ½ in-4, plis marqués. Grâce à Pascal PIA il a pu obtenir un emploi de secrétaire de rédaction à Paris Soir : « ... mais Paris est bien triste et la vie y est dure... je n’y resterai pas plus de deux ou trois ans... ». Et lui demande si elle pense y venir et exercer comme avocate. L’Algérie lui manque : « Toute l’Algérie doit être pleine de fleurs et j’en rêve quelques fois... » — [Paris, début 1940]. « Vendredi », une page in-4, apostille, plis divers. Pour lui témoigner toute son amitié et son soutien dans les difficultés qu’elle rencontre : « Je voudrais pouvoir vous aider dans cette ignoble épreuve... ». Et lui rappelle les jours heureux qu’ils ont vécus l’année précédente : « ... où nous étions si merveilleusement libres et jeunes... tout cela renaîtra un jour j’en suis sûr... ». En postscriptum il indique que sa dernière lettre avait été ouverte : « ... je n’ai pas bonne presse chez les militaires... » — [Paris, 1940]. « Dimanche », une page in-4, plis marqués. Pour la conseiller et la rassurer dans une affaire très personnelle, alors qu’elle ne sait comment se comporter : «... soyez clair dans ce que vous voulez. Surtout ne cédez pas à la lassitude. Décidez dans un sens et agissez conformément... » Et lui donne ses impressions sur Paris : « ... C’est une ville déserte pour l’âme et l’on n’y sent que menace et attente... ». Joint, une enveloppe à en-tête de Paris-Midi, datée 27 mai 1940, adressée à Oran. — [1940]. « Lyon, 23 septembre ou octobre ». Paris-Soir a été contraint de s’exiler à Clermont Ferrand, puis à Lyon, où il va travailler au marbre, à l’impression du journal. De nouveau lui témoigne à nouveau tout sous soutien dans les épreuves qu’elle traverse « ... c’est en ce moment que nous sommes solidaires et que je tiens à servir cette solidarité... laissons passer le vent... ne vous découragez pas... ». Et lui demande de ses nouvelles. — « Sorel-Moussel (Eure-et-Loir) 24 juillet 1954 », 2 pp. in-8, pli médian, enveloppe. Lettre écrite alors qu’il se trouve chez Michel Gallimard. Il lui donne des nouvelles de Francine qui est à Divonne avec les enfants et se réjouit de la savoir au calme, au soleil et à la plage à Cannes, malgré l’absence de son mari : « (la République a ses tyrans !) » Il lui parle de la vie parisienne : « ... on peut lire Bonjour Tristesse de Françoise Sagan... et Le Cave se rebiffe dans la Série Noire... » et termine en la remerciant de sa précieuse et bienfaisante affection. — [Paris], « 28 février 1956 », une ½ page in-8, sur papier à en-tête de la NRF, pli d’envoi, enveloppe. Pour lui témoigner toute son affection à la suite à la mort de son père, que Francine venait de lui apprendre : « Je vis à l’écart de tout, par manque de force et d’espoir... ». C’est l’année où son plaidoyer pacifique pour une solution équitable en Algérie lui valut des hostilités de tous bords. Note : n’ont été cités dans cette présentation que de très brefs passages de cette correspondance inédite, afin que soient préservés les droits légitimes et les intentions des héritiers d’Albert Camus concernant la publication de ses écrits.