Lot n° 73

SEGALEN (Victor) — Peintures. Paris [et Zürich, sur la couverture], Georges Crès et Cie (nouvelle collection « Les Proses »), 1916.

Estimation : 10000 - 15000 €
Description
In-8, (8 dont les 2 premières blanches)-207-(9 dont les 3 dernières blanches) pp., exemplaire à toutes marges (240 x 168 mm), maroquin tabac, dos à nerfs avec initiales « Y.V.S. », peinture chinoise sur soie appliquée sur le premier contreplat et le recto de la garde supérieure, autres gardes de papier de Corée, tête dorée sur témoins, couvertures conservées, chemise à dos à nerfs de maroquin marron avec initiales « Y.V.S. » dorées en queue ; auréole peu marquée affectant le dos et le plat inférieur, étui manquant (René Kieffer). Édition originale, un des 18 exemplaires nominatifs de tête sur grand papier de tribut coréen, celui-ci au nom d'Yvonne Victor Segalen ; seul grand papier avec 15 exemplaires sur japon impérial. Georges Crès n'ayant pu trouver un papier de luxe à la satisfaction de Victor Segalen, celui-ci dut en céder du sien : « J'ai trouvé chez moi, juste à point, une réserve de Corée dont je fais tirer quelques exemplaires nominatifs, – avec réimposition des placards, sceaux au cinabre » (lettre à son ami Henry Manceron, 5 avril 1916). Paul Claudel lui en fit l'éloge dans une lettre du 23 novembre 1916, « Quel papier ! Où l'avez-vous trouvé ? Cette espèce de feutre nacré où l'on voit par transparence des algues, des cheveux de femme, des nerfs de poissons, des cultures d'étoiles ou de bacilles, la vapeur de tout un monde en formation. » L'éditeur avait souhaité une présentation chinoise, mais Victor Segalen, par crainte d'inauthenticité dans le travail d'imprimeurs français, lui préféra « la plus pure présentation typographique » occidentale. Il ajouta simplement 3 sceaux appliqués à la main au cinabre, au titre, à la justification et p. 207. Ils ne sont qu'imprimés dans les exemplaires du tirage courant. Le premier sert de marque parlante de l'éditeur Georges Crès, comportant un mot latin (crescam, « je croîtrai ») et deux sinogrammes en style sigillaire artistiquement disposés (非極, « pas à l'extrême »), se lisant donc : « je croîtrai mais non point à l'extrême ». Le deuxième, 玄貢帝繪, soit « peintures de l'empereur Xuangong », fait allusion à un souverain imaginaire dont le nom peut signifier « offrande mystique ». Le troisième,清公朝大, est traduit ainsi par Victor Segalen lui-même : « grandeur officielle de la dynastie Ts'ing ». Envoi autographe signé : « À Mavone toute Aimée pour qu'Elle possède tout entier l'Espace Imaginaire que seuls, ses yeux reflètent profondément... » Sur Yvonne Segalen, épouse aimée, interlocutrice indispensable et collaboratrice zélée, cf. supra le n° 60. Exemplaire enrichi d'une peinture chinoise ancienne sur soie rapportée par Victor Segalen (23 x 30 cm). Elle représente une scène où une jeune femme se promenant dans un jardin avec une suivante, est désignée à l'attention d'un jeune homme par un personnage plus âgé. Cet exemplaire a figuré dans 3 expositions : De Tahiti au Thibet ou les Escales et le butin du poète Victor Segalen, tenue à la librairie Jean Loize à Paris en 1944, (n° 49 du catalogue imprimé), puis Victor Segalen, poète de l'Asie, tenue à la galerie librairie Palmes d'Hubert Deschamps à Paris en 1950 (n° 28 du catalogue rédigé par la fille de l'écrivain, Annie Joly-Segalen, et par l'éditeur photographique Georges Giraudon), et Victor Segalen, tenue à la Bibliothèque nationale de France d'octobre à décembre 1999 (n° 111, avec reproduction).
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