Lot n° 67

SEGALEN (Victor) — Poème autographe intitulé « L'Impératrice chante ». Une p. in-folio sur papier Morin.

Estimation : 2500 - 3000 €
Description
« Stèle » non retenue pour le recueil de 1912, dans la dernière des 8 versions successives composées en novembre-décembre 1910. Il a utilisé ici, comme souvent pour ses manuscrits littéraires et sa correspondance, un papier calque légèrement sulfurisé, fabriqué par les établissements Morin, qu'il appelait parfois « papier d'architecte ». Cette « stèle » fut reproduite par Hubert Deschamps dans le catalogue de son exposition de 1950 (cf. infra) puis publiée en août 1972 dans le n° 6 de la revue Poésie Présente. Œuvres. Cf. Victor Segalen, Œuvres, Paris, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, vol. I, 2020, p. 814. « L'Impératrice chante : Ce matin, la Dame Ts'aï-Yü, ma suivante, versa de ses mains l'eau chaude sur les doigts du Maître. Le Maître, avec délicatesse, loua le parfum de l'eau & la blancheur des mains. Et il en fait un poëme : où se répondent les odeurs & la nacre ; où se complait sa voix avec son désir. [...] » Interprétation poétique d'une anecdote historique chinoise du xiie siècle, qui a attiré l'attention de Victor Segalen à la lecture de l'ouvrage de Léon Wieger Textes historiques, histoire politique de la Chine (imprimé par la mission catholique de Ho Kien Fou en 1903-1905). Cette anecodte concernait l'empereur Kouang-Tsong (Guangzong), qui régna sur les Song du Sud à la fin du xiie siècle. Le sinologue la donnait ainsi : « L'impératrice Li était impie et jalouse [...] Un jour, une dame du harem versant de l'eau à l'empereur, celui-ci admira la blancheur de ses mains. Le lendemain, l'impératrice lui envoya une boîte à friandises. Quand il l'ouvrit, il y trouva les deux mains coupées de la dame » Le nom de la malheureuse victime Ts'aï-Yü (Caiyu), est de l'invention de Victor Segalen qui l'employa également pour un personnage de la stèle « Miroirs » (publiée en 1912) et de son roman Le Fils du Ciel, écrit de 1910 à 1912 et publié de manière posthume en 1975. Une des quatre « Stèles » autographes que Victor Segalen expédia de Pékin à Claude Debussy le 6 janvier 1911. Provenance : Annie Joly-Segalen, fille de Victor Segalen, qui avait acheté le manuscrit à la belle-fille de Claude Debussy, Hélène de Tinan. Épouse de Gaston de Tinan, celle-ci était la fille qu'Emma Moyse, épouse de Claude Debussy, avait eue d'un premier mariage avec Sigismond Bardac. Ce manuscrit a figuré dans l'exposition Victor Segalen, poète de l'Asie tenue à la galerie librairie Palmes d'Hubert Deschamps à Paris en 1950 (partie du n° 13 du catalogue rédigé par la fille de l'écrivain, Annie Joly-Segalen, et l'éditeur photographique Georges Giraudon, avec reproduction en frontispice).
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