Lot n° 66

SEGALEN (Victor) — Poème autographe intitulé « Libation mongole ». Une p. in-folio sur papier Morin.

Estimation : 2500 - 3000 €
Description
36e DES STELES PUBLIEES EN 1912, dans la plus aboutie des 6 versions que Victor Segalen travailla en novembre et décembre 1910. Il a utilisé ici, comme souvent pour ses manuscrits littéraires et sa correspondance, un papier calque légèrement sulfurisé, fabriqué par les établissements Morin, qu'il appelait parfois « papier d'architecte ». « C'est ici que nous l'avons pris vivant. Comme il se battait bien nous lui avons offert du service : il préféra servir son Prince dans la mort [...] Ne lui crevons pas les yeux comme au lâche, mais, tranchant sa tête avec respect, offrons-lui le Koumys des braves, & cette libation : "Quand tu renaîtras, Tchen-houo- tchang, fais-nous l'honneur de renaître chez nous !" ANECDOTE CHINOISE DU XIIIe SIECLE magnifiée par Victor Segalen qui l'a dénichée dans l'ouvrage de Léon Wieger Textes historiques, histoire politique de la Chine (imprimé par la mission catholique de Ho Kien Fou en 1903-1905). Le sinologue la formulait ainsi : « Cependant le général [jin] Tch'ênn-houochang, qui avait marché contre Touï, fut battu. Son armée se débanda. Le cri de désespoir qu'elle poussa, au moment où la panique la saisit, fut comme le bruit d'une montagne qui s'écroule, dit le Texte. Tch'ênn-houochang fut pris vivant. Admirant sa bravoure, les Mongols lui offrirent du service. Il refusa. Alors ils lui coupèrent les jarrets, lui brisèrent bras et jambes, lui fendirent la bouche jusqu'aux oreilles. malgré le sang qui ruisselait dans sa gorge, Tch'ênn-houochang cria jusqu'à la mort qu'il restait fidèle à son roi. Quand il expira, les chefs mongols lui firent des libations avec du koumys, en criant : "Brave officier, lors de ta prochaine réincarnation, fais-nous l'honneur de renaître dans notre nation !" » UNE DES QUATRE « STELES » AUTOGRAPHES QUE VICTOR SEGALEN EXPEDIA DE PEKIN A CLAUDE DEBUSSY le 6 janvier 1911. Provenance : Annie Joly-Segalen, fille de Victor Segalen, qui avait acheté le manuscrit à la belle-fille de Claude Debussy, Hélène de Tinan. Épouse de Gaston de Tinan, celle-ci était la fille qu'Emma Moyse, épouse de Claude Debussy, avait eue d'un premier mariage avec Sigismond Bardac.
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