Trésorier général de France dans la généralité de Grenoble, Charles-Félix Prunelle (1724-1784) résidait à Ampuis, en Lyonnais, sur la rive droite de l'Isère près de Vienne, et était issu d'une famille de juristes dauphinois anoblie à l'époque de son père, Pierre Prunelle, qui fut avocat au bailliage de Vienne, trésorier général de France dans la généralité de Grenoble puis président du bureau des finances de la Chambre du domaine de Dauphiné. Précieux livre de comptes conservant le souvenir exhaustif des dépenses engagées pour l'entretien et l'éducation de sa fratrie, dans le cadre de la succession de leur père. À la mort de Pierre Prunelle, en 1746, Charles-Félix se retrouva chef de famille en sa qualité de fils aîné, et eut la charge de ses 8 frères et sœurs jusqu'à leur émancipation : Anne Prunelle, mariée en 1747 à M. Eynard de Crussol, Marguerite-Théodore Prunelle, religieuse au monastère Sainte-Ursule (probablement celui de Romans-sur-Isère), Marianne Prunelle (ou plutôt Claudine-Marianne Prunelle), partie vivre chez sa sœur Anne, Pierre-Séverin Prunelle de Saint-Didier, devenu officier au régiment de Royal-Dragon, Arnauld Prunelle Des Enos, devenu chanoine de la cathédrale Saint-Maurice de Vienne, Benoît Prunelle de La Mure, devenu officier au régiment de Lyonnais (quasiment ruiné après avoir été fait prisonnier à la bataille de Minden, comme mentionné p. 361 du présent manuscrit), François Prunelle de Sonne, devenu prêtre, et Augustin Prunelle de Roisson, devenu officier au régiment d'Aquitaine. Charles-Félix consigne minutieusement toutes les sommes dépensées pour la nourriture, les vêtements, les voyages ou les soins médicaux.
Concernant ses frères, il indique les frais liés à leurs études (précepteurs, collège jésuite de Grenoble, université de Valence, livres avec indication des auteurs et des titres), et pour trois d'entre eux, les dépenses nécessaires à leur état militaire (uniformes, chevaux, etc.). Il établit enfin, à leur émancipation, leur part d'héritage après déduction de ses dépenses. Avec notes annexes : copie d'actes du début du xviiie siècle concernant des moulins banaux à Vernioz, sur la rivière Varèze, dépendant du château des Costes (aujourd'hui sur la commune des Côtes-d'Arey en Isère) ; règlement des dettes laissées par Pierre Prunelle à sa mort en 1746 ; récoltes de céréales et de raisin de 1746 à La Roche (près d'Ampuis), Les Costes (Les Côtes-d'Arey), Roisson et La Pension (lieux situés au sud de Vienne, sur l'actuelle commune de Reventin-Vaugris dans l'Isère), Mont-Salomon et L'Aiguille (lieux situés sur l'actuelle commune de Vienne) ; dispositions liées à la mort d'un des frères sans héritier direct en 1776 ; mentions d'emprunts ; arrérages de fermes.