Lot n° 333

Sixte-Ruffo de BONNEVAL (1742-1820) abbé de l’abbaye de Saint-Léonard de Corbigny, député du …

Estimation : 250 - 300 EUR
Adjudication : Invendu
Description
Sixte-Ruffo de BONNEVAL (1742-1820) abbé de l’abbaye de Saint-Léonard de Corbigny, député du clergé aux États-généraux et membre de l’Assemblée nationale constituante, il émigra et finit chanoine à la cathédrale de Vienne. L.A.S. (minute), Vienne en Autriche 10 mai 1814, aux membres du Clergé de Paris ; 4 pages grand in-fol. très remplies d’une écriture serrée.
Longue et intéressante lettre écrite une semaine après l’entrée solennelle de Louis XVIII dans Paris. Il exprime ses félicitations sur les manifestations qui ont accueilli le retour de Louis XVIII, et rappelle sa défense constante de leurs intérêts jusqu’à ce que la tyrannie étende son oppression à toute l’Europe. Il est d’accord avec eux sur un parlement bicaméral, la séparation des pouvoirs législatif et exécutif, la liberté de tous les cultes (et non une simple tolérance), mais il conteste la légitimité actuelle du Sénat : « Ou Buonaparte etoit souverain légitime, ou il ne l’etoit pas. S’il etoit souverain légitime, le Senat n’a pas pu l’expulser du trone, puisque la dernière constitution révolutionnaire, qui a eté confirmée par tant de Senatus consultes, ne lui en donnoit pas le droit. Si Buonaparte, comme on ne peut pas en douter, n’étoit pas souverain légitime, pourquoi le Senat, qui n’est autre chose que sa création, subsiste-t-il »… L’arrivée de Monsieur, frère du Roi, devait faire cesser cette institution qui est la continuation de vingt-cinq années d’usurpation… Citant ses propres écrits, il plaide pour une constitution d’État, rejetant le projet de constitution adopté par le Sénat conservateur comme « un marché odieux, que ces Messieurs ont prétendu faire avec le Roi » et « un chef-d’œuvre d’ignorance » révoltant pour la justice et la raison. Il rejette la confusion de la liberté des cultes et la liberté des consciences, et l’État sans culte proposé par Portalis : « c’est le pur indifferentisme réligieux, c’est la rénonciation formelle à la réligion catholique ; en un mot, c’est l’athéisme philantropique, ou la philantropie athée de la révolution »… Il s’oppose « à tout ce qui seroit entrepris contre notre véritable constitution, l’autorité legitime du Roi, la religion catholique dont j’ai l’honneur d’etre ministre, et la justice. […] plus est grand le miracle, que Dieu vient de daigner faire pour la France, plus il appésantira sur elle sa terrible colère, si elle ne profite pas de cette abondance de miséricorde, pour revenir sincerement à lui, à sa sainte réligion et sa divine morale, dont la souveraine justice est impérissable »…
Partager