Lot n° 151

PINATEL (Pierre). — Le Trait.Paris, 1961-1966. — 20 numéros in-4 reliés en deux volumes en demi-veau rouge à coins, dos lisses, presse à papier mosaïquée au bas du premier volume (reliures modernes).

Estimation : 300 - 400
Adjudication : 313 €
Description
Tête de collection jusqu’au numéro 20 de cette revue satirique fondée par le caricaturiste Pierre Pinatel (né en 1929). Le premier numéro parut en janvier 1961, puis de façon irrégulière jusqu’au numéro 20 de juillet-août 1966. La revue cessa de paraître à ce moment, victime d’un procès intenté par Charles de Gaulle, et ne reparaîtra qu’à partir de 1975.

Voici la présentation de cette revue, faite par Guillaume Doiz en octobre 2011, extraite du numéro 18 de Ridiculosa :

« En 1961, particulièrement prolifique et ne trouvant pas assez d’espace pour publier toute sa production graphique, le dessinateur d’extrême droite Pinatel fonde un journal personnel, Le Trait. Comme Siné avec Siné Massacre, Pinatel s’inscrit dans la tradition du XIXe siècle en produisant un journal illustré par lui seul. Mais contrairement à Siné édité par Pauvert, Pinatel ne dispose pas d’aide financière ou matérielle extérieure.

Le Trait (24x35cm), d’abord bimensuel puis de parution irrégulière, compte en tout 32 numéros, le dernier paraissant en février 1977. Le dessinateur réalise les premiers tirages chez lui, avec un petit matériel offset, puis s’adresse à un imprimeur. Il gère seul la revue, de la conception à la diffusion auprès d’un réseau d’abonnés qui ira s’étoffant. Le tirage des premiers numéros, de quelques centaines d’exemplaires, atteint ensuite le millier. Chaque numéro comprend entre 24 et 36 pages, couverture et dos en couleur, le reste en noir et blanc. Chaque dessin occupe une pleine page (quasiment aucun texte, sauf des légendes fournies), offrant la possibilité de mises en scènes complexes, avec parfois plus d’une dizaine de personnages.

Après quatre premiers numéros consacrés à la littérature, au théâtre et au cinéma, Le Trait publie des dessins politiques. À partir de 1962, en pleine guerre d’Algérie, la revue vise dorénavant Charles de Gaulle, mais également le Parti communiste, l’URSS, la Chine. Pinatel, qui se sent « trahi » par le général, fustige tous les pouvoirs en place, de droite comme de gauche, dans une verve mordante et le plus souvent drôle, multipliant les calembours graphiques et les jeux de mots. Le dessinateur affectionne la métaphore visuelle, les animalisations, les végétalisations et les réifications comiques ou dégradantes.

Le numéro 20, daté de juillet-août 1966, subit les foudres de la justice. Pinatel est alors doublement condamné, en tant qu’éditeur et en tant que dessinateur, pour trois dessins contre Charles de Gaulle. Le caricaturiste, qui a commencé sa carrière à Combat et Dimanche Matin et dessiné pour Aux Ecoutes, Le Charivari, Minute, puis pour le journal lepéniste National Hebdo, a subi une autre condamnation pour des dessins (contre Charles de Gaulle encore) édités sur des cendriers. […]

Après la parution du dernier numéro de la revue en 1977, Le Trait se reconvertit en simple maison d’autoédition et permet à Pinatel de publier ses dessins sous forme d’albums diffusés en souscription et en vente directe à ses lecteurs. » À 91 ans aujourd’hui, il continue toujours d’exercer son art.

Très bel exemplaire relié en deux volumes, le premier comprenant les numéros 1 à 16, le second, d’un format légèrement plus petit, les numéros 17 à 20. Chaque volume est enrichi d’un envoi autographe de Pinatel adressé à Yves Teste :
Pour le docteur Yves Teste, cette // réunion de recueils dont la reliure est // plus brillante que le relié, // Voilà qui nous ramène pas mal de // temps en arrière. + de 40 ans ! // Très cordialement // Pinatel 2003

→ La dédicace dans le second volume est précieuse ; Pinatel y expose l’historique de la revue :Pour le docteur Yves Teste cette suite // du Trait. Format plus réduit, ce fut // une tentative de diffusion en Kiosque par les // NMPP, ce qui impliquait un tirage supérieur // (15.000 si je me souviens bien). // Henry Coston m’avait prévenu. // Tant que vous tirez à 3000, m’avait-il dit, // on vous foutra la Paix. // A 15000 exemplaires, en Kiosque, je n’étais // plus tolérable. Je fus donc poursuivi // pour le n° 20. Poursuite visant 3 dessins // ceux des pages 3-4 et 6. // Un million (anciens) d’amende. // C’était trop pour mes finances. // Le Trait exsangue cessait sa // parution… // reprise en 74 pour 12 ou 13 numéros // encore. // jusqu’à ce que Le Trait, revue // périodique laissât la place aux // éditions du Trait. // Merci pour l’intérêt que vous // avez bien voulu porter à mes // crobards. // Cordialement // Pinatel // 2003

Chaque dédicace est accompagnée d’un dessin de Pinatel qui s’est représenté de profil avec un gros crayon à la main.

Dos légèrement passés.

─ On joint :
- lettre autographe signée de Pinatel à Yves Teste, datée du 14 mars 2003,
- carte d’abonnement au Trait,
- reproduction d’une caricature de l’artiste représentant le premier ministre Raffarin vacillant sur l’année 2003 portée par Jacques Chirac, intitulée : Va-t-il tenir longtemps sur la Sellette ?.
- PINATEL. La Grande gaullusion. Paris : Le Trait, [1970]. — In-4, broché.
Édition originale de ce recueil de caricatures de Pinatel sur Charles de Gaulle parues dans diverses revues comme Minute, Monde et Vie, Le Trait, etc.
Exemplaire enrichi d’un amusant envoi de l’auteur adressé à Pierre Rollet, accompagné d’un dessin représentant Charles de Gaulle.
Déchirure au bas du dos. Rousseurs éparses.
- PINATEL. Et pourtant… elle tourne. Paris : Le Trait-Autoédition, 2001. — In-4, broché. Édition originale.
Bel envoi de l’auteur à Yves Teste :
 Pour le docteur Yves Teste, ces petits croquis de personnages imaginaires… dont il a du, pourtant, comme moi, rencontré quelques specimens. Très cordialement. Pinatel mars 2003.
La dédicace est accompagnée d’un dessin de l’auteur.
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