Description
Suite de danses du ballet Cydalise et le Chèvre-pied, le chef-d’œuvre de Gabriel Pierné.
Cydalise et le Chèvre-pied, ballet en deux actes et trois tableaux, a été composé en 1913-1914, et terminé le 14 février 1915. Gabriel Pierné a travaillé sur un très joli livret de Gaston de Caillavet et Robert de Flers, qui ont imaginé le retour des vieilles divinités sylvestres à Versailles, au temps de Louis XIV :
« Comment le petit chèvre-pied Styrax, surpris au détour d’un chemin dans les bois de Ville-d’Avray, parvient à la cour de Versailles dans un panier de costumes de théâtre, comment il assiste au ballet oriental que l’on répète pour une fête royale, comment il trouble la belle Cydalise et la rejoint après les danses dans son appartement, c’est ce que nous montrent les librettistes ; mais c’est la musique de Pierné qui enveloppe ce conte galant d’une atmosphère tour à tour ironique et tendre, c’est elle qui donne aux faunes, aux nymphes cette grâce d’un modernisme troublant sur des modes antiques – l’hypolydien de la leçon de danse des Nymphes (gamme de fa, avec le si dièze) – et c’est elle qui évoque le souvenir de Lully et de Marc-Antoine Charpentier dans le divertissement indien du second acte » (René Dumesnil).
Il faudra attendre le 15 janvier 1923 pour que ce ballet, achevé en 1915, voie le jour à l’Opéra de Paris, sous la direction de Jacques Rouché, merveilleusement monté dans une chorégraphie de Léo Staats, des décors et costumes de Maxime Dethomas, avec Carlotta Zambelli dans le rôle de Cydalise et Albert Aveline dans celui de Styrax, sous la direction musicale de Camille Chevillard. Pierné en tirera deux suites pour orchestre, créées en 1926 avec un grand succès.
Bien avant, en avril-mai 1915, Pierné a réalisé cette transcription pour deux pianos des danses de Cydalise. Le manuscrit est à l’encre noire (et rouge pour les titres) sur papier à 24 lignes, de l’écriture très nette, précise et élégante de Pierné, à l’image de sa musique, en deux cahiers.
La leçon de danse (Thème varié dans le mode hypolydien), marquée Modéré, signée et datée en fin « Avril 1915. Paris » (22 pages).
Citons le livret : « Et c’est maintenant l’école des Nymphes qui arrive […] Leur gouvernante et le vieux faune réunissent leurs élèves et leur donnent une leçon de danse sur le mode hypolydien. Styrax s’empare de la gourde du vieux faune et la vide, si bien qu’il s’enivre. Styrax a pour danseuse la petite nymphe Mnésilla. Par ses gambades et ses folies, il jette le désarroi dans les rondes ».
Deux Danses. – Danse de Styrax (2e tableau), marquée Allegro non troppo, datée en fin « Mai 1915 » (8 pages). C’est le final du 2e tableau : « Le Capitaine et le Fermier Général félicitent le Maître de Ballet. Cydalise fait signe qu’elle a froid. Le Fermier Général, pour lui chercher une mante, se précipite vers le panier, l’ouvre... Styrax en jaillit, bondit vers Cydalise et l’embrasse. Stupeur de tout le monde. Le Maître de Ballet lui demande qui il est, et Styrax, au grand émerveillement général, se met à danser une danse effrénée, à laquelle Cydalise finit par se mêler. Tout le monde est gagné par ce mouvement frénétique, danse générale au cours de laquelle Cydalise et Styrax s’enlacent – s’enlacent si étroitement que le Fermier Général et le Capitaine interviennent et entraînent Cydalise. Avant de sortir, elle jette à Styrax la rose de sa ceinture, et Styrax lui donne la flèche de l’Amour qu’il a gardée. Styrax brandit la rose comme un trophée et danse sa victoire et sa joie. Tous l’imitent ».
– Final du 3e tableau, marqué Allegretto, Bien mesuré et rythmé, daté en fin « Avril-Mai 1915 » (8 pages). Le livret indique que Styrax, dans la chambre de Cydalise, a découvert « la corbeille à billets doux. Cydalise l’invite à lui en écrire un, en lui tendant une plume. Mais Styrax ne sait pas écrire. Elle veut lui faire lire ceux qui restent dans la corbeille. Il ne sait pas lire. Que sait-il donc faire ? Jouer de la flûte ! Il joue de la flûte de Pan, elle danse. Peu à peu il se mêle à cette danse, qui devient amoureuse, puis passionnée. Elle lui fait jurer de l’aimer toujours. Il jure, sur la rose qu’elle lui a donnée, de ne jamais la quitter. Ils vont, enlacés, vers le fond. Elle ouvre la fenêtre pour respirer l’air du matin : du fond du jardin montent les voix de la forêt qui s’éveille, Styrax s’arrête, très ému. Cydalise s’efforce de reprendre Styrax, de l’écarter de la fenêtre. Il résiste, elle insiste, elle lui bouche les yeux de ses mains. Styrax se sent repris par les voix de la nature. Et voici qu’au bord des fenêtres, dans le jour qui monte sur le ciel rose. apparaissent les visages des chèvre-pieds et des nymphes. Quelques-uns sautent dans la chambre, les petits faunes et dryades tombent des lucarnes ou dégringolent des œils-de-bœuf. Ils portent des branches de roses, des fleurs rustiques et des feuillages. Ils en caressent Styrax. les lui font respirer... Styrax, tout à fait repris, saisit Cydalise suppliante et la porte sur le lit. Il prend aux mains d’un faune une touffe de pavots : Cydalise s’endort doucement... Styrax, debout sur la fenêtre, envoie un baiser à Cydalise et saute au dehors ».
─ Discographie :
- David Shallon, Orchestre Philharmonique du Luxembourg (Timpani 2000).