Lot n° 1123

DUTILLEUX Henri (1916-2013). — MANUSCRIT MUSICAL autographe signé « Henri Dutilleux », Sonate pour hautbois et piano,1947 ; 46 pages in-fol. sous chemise-titre.

Estimation : 15 000 - 20 000 €
Adjudication : 18 850 €
Description
Composée à la demande de Claude Delvincourt, directeur du Conservatoire National de Musique de Paris, qui voulait à la fois inciter les jeunes compositeurs à « fouiller la technique des instruments », et les étudiants à travailler des partitions nouvelles et à en surmonter les difficultés techniques, cette Sonate pour hautbois et piano a servi de morceau de concours pour le hautbois aux concours du Conservatoire en 1947 ; elle est dédiée à Pierre BAJEUX (1899-1961), professeur de hautbois au Conservatoire ; elle a été publiée en 1947 aux éditions Costallat.

Le manuscrit, à l’encre noire sur des bifeuillets à 22 lignes, présente des corrections et grattages ; le titre originel de Sonatine a été changé en Sonate.
Il comprend trois mouvements :
-Aria (4 pages) ;
-Scherzo (11 pages), avec un important passage biffé et refait (p. 9-10) ;
-Final (d’abord intitulé Rondo), marqué Assez allant (11 pages), signé et daté en fin « 22 Avril 1947 ».

« L’Aria est une mélopée douce dont la pulsation régulière et le jeu calme et uniforme bercent notre écoute pendant un long moment.
Les deux premières parties de l’Aria, la deuxième étant rythmiquement plus diversifiée, plus véloce et plus aigüe, sont fondées sur le principe du canon entre la main droite du piano et le hautbois.
Une troisième partie joue sur le statisme d’un fa de hautbois, sur trois octaves, à chaque fois interrompu par deux arabesques descendantes.

L’écriture dépasse la stricte tonalité, même si elle repose encore sur de fortes polarisations harmoniques.

L’Aria annonce la future pensée compositionnelle de Dutilleux. Les polarisations sont encore plus fortes dans le Scherzo. Le rôle structurel de la note la (la note du diapason), cristallisant des fonctions harmoniques diverses, est de plus en plus évident vers la fin du mouvement. Son caractère insistant préfigure le traitement des futures “notes-pivot” qui seront une des signatures de Dutilleux. Le Scherzo dans son ensemble est vif et extrêmement pulsé. Dans un climax progressif, la note la prend de plus en plus d’importance malgré des configurations harmoniques propres à la déstabiliser. Le terme de Scherzo est ici à prendre dans son acception la plus large, celle qui privilégie l’idée de rapidité et de répétition.

L’univers du Final s’associe naturellement à l’esprit de la “musique française”. Peut-être est-ce le dessin très clair du thème principal, joué en canon, les rythmes simples, le diatonisme, qui donnent à ce moment pastoral une atmosphère relativement différente de celles qui précèdent », dans l’esprit du « divertissement » (Marie Delcambre-Monpoël et Maxime Joos).

─ On joint :
- l’épreuve corrigée, tirée en bleu, avec de nombreuses corrections autographes, notamment le changement du titre de Sonatine en Sonate (8 ff. in-fol.).

─ Discographie :
- Alexandre Gattet (hautbois) et Pascal Godart (piano), in Dutilleux, Pages de jeunesse, par les Solistes de l’Orchestre de Paris (Indesens 2007).
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