Lot n° 1120

DELIBES Léo (1836-1891). — MANUSCRIT MUSICAL avec corrections et annotations autographes, Sylvia (1876) ; 170 pages in-fol. (1ère page un peu salie ; cachet encre des Archives Heugel).

Estimation : 8 000 - 10 000
Adjudication : 9 750 €
Description
Partition d’orchestre de la suite du célèbre ballet Sylvia, abondamment corrigée et annotée par Léo Delibes.

Six ans après le succès de son ballet Coppélia, Léo Delibes fait représenter à l’Opéra de Paris, le 14 juin 1876, un nouveau ballet en 3 actes et 5 tableaux, Sylvia, ou la Nymphe de Diane. L’argument avait été rédigé par le baron Jacques de Reinach et Jules Barbier ; Louis Mérante en fit la chorégraphie, et le rôle-titre était tenu par Rita Sangalli, dans un décor de Jules Chéret. Delibes en tira une suite d’orchestre, publiée en 1880.

Sylvia, nymphe de Diane, est vouée à la chasteté. Le jeune berger Aminta est tombé amoureux d’elle ; elle le repousse, et défie Éros, le dieu de l’Amour. Elle blesse par mégarde de sa flèche Aminta, et est à son tour atteinte au cœur par une flèche lancée par Éros. Alors qu’elle vient s’attendrir sur la dépouille d’Aminta, Sylvia est enlevée par le chasseur noir Orion. Aminta, ramené à la vie par un sorcier, part à la recherche de sa belle. Prisonnière d’Orion, Sylvia réussit à l’enivrer, et à s’enfuir. Lors d’une fête en l’honneur de Bacchus, Aminta, désespéré de ses vaines recherches, est attiré par une captive voilée, dans laquelle il reconnaît Sylvia. Survient alors Orion, furieux, qui veut tuer Sylvia avec sa hache ; mais il est percé d’une flèche par Diane, qui veut aussi punir sa nymphe, coupable d’aimer un mortel. Mais l’Amour intervient, rappelle à la déesse ses amours avec Endymion, et Diane unit les deux amants.

Pour ce ballet, Léo Delibes a écrit une partition poétique et sensuelle, d’un grand raffinement d’écriture, avec une instrumentation raffinée et de jolies trouvailles de timbres et de rythmes. Il a composé avec soin sa suite d’orchestre, qui dure une trentaine de minutes. « Un Prélude, qui a pour principal mérite d’être fonctionnel, marque l’entrée du cortège des nymphes. Des appels de cors, – et voici les chasseresses qui défilent, accompagnées d’éclatantes fanfares. L’Intermezzo, éclairé par la flûte, la clarinette et le violon solo, sert de transition avant la Valse lente, dont on aime la nostalgie. Extraits du troisième acte, les Marche et Cortège de Bacchus sont introduits avec éclat par les trompettes, et contrastent avec la Barcarolle murmurée par le saxophone alto sur un accompagnement frémissant. Le triomphe amoureux de Sylvia est marqué par les Pizzicati, – page illustre, maintes fois reprise et même caricaturée ; et la suite d’orchestre se conclut par un Galop final dans lequel les instruments se répondent avec ironie » (Michel Parouty).

Le manuscrit de la suite est préparé par un copiste, à l’encre noire sur papier Lard-Esnault à 22 lignes.
Delibes a porté tout au long de nombreuses corrections et annotations autographes à l’encre rouge ; ainsi, il supprime la ligne du 2e cor en ut, la ligne du triangle/tambour de basque, et les 2 lignes des 2 harpes ; il donne de nombreuses indications de mouvement, de nuances, de dynamiques, de tempo, d’instrumentation, etc.

L’effectif orchestral se compose d’une grande et d’une petite flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, bassons, 2 cors, 2 cors à pistons, 2 cornets à pistons, 2 trompettes à pistons, 2 trombones, un 3e trombone et ophicléïde, timbales, triangle, grosse caisse et cymbales, et les cordes.

Ce manuscrit, qui a servi pour la gravure, est ainsi divisé :
[I]. Prélude (p. 1-14), marqué Moderato maestoso, puis Les Chasseresses (p. 15-48), Allegretto animato.
N° 2. Intermezzo et Valse lente (p. 49-78).
N° 3. Pizzicati (p. 79-86), marqué Moderato.
N° 4. Cortège de Bacchus (p. 87-170).

─ Bibliographie :
- Henri de Curzon, Léo Delibes, sa vie et ses œuvres (Legouix, 1926), p. 143-154 ; André Coquis, Léo Delibes, sa vie et son œuvre (Richard-Masse, 1957), p. 144-154.

─ Discographie :
- Richard Bonynge, New Philharmonia Orchestra (Decca).
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