Lot n° 170

BOULEZ (Pierre). Manuscrit musical autographe, esquisse de la 4e de ses Notations pour orchestre op. 35. 5 ff. …

Estimation : 3 000 - 4 000 EUR
Adjudication : 6 875 €
Description
Manuscrit musical autographe, esquisse de la 4e de ses Notations pour orchestre op. 35. 5 ff. in-folio oblong, lettrés a à e avec pagination au crayon rouge biffée de 14 à 18, à système unique de 15 portées par page, sauf la première page au système de 13 portées suivi de 2 portées de « variantes rythmiques » et la 4e page de 13 portées plus une séparée ; sur papier jaune ; quelques ratures et corrections ; en marge haute à gauche de la première page, les mentions autographes « 12 notations – 4 » et « Rythmique » ; quelques marques au crayon rouge de la même main que la pagination biffée. Esquisse complète où Pierre Boulez se réserve encore la possibilité de faire ultérieurement certains choix de composition : au bas de la première page, il propose en effet une série de trois « variantes rythmiques », tout en indiquant « ou trémolo, ou triolets ? (si pas trop vite ou trop répété) » et précise ensuite : « à réclater en 3 groupes ? ou toute autre combinaison de cette sorte... » La partition est parsemée d'astérisques ou groupes d'astérisques désignant apparemment l'application de telles variantes rythmiques. Une composition de longue haleine. Pierre Boulez écrivit d'abord 12 notations pour piano en 1945, à l'âge de vingt ans, en très peu de temps, avec des visées satiriques à l'égard du dogmatisme dodécaphonique de son professeur de composition René Leibowitz.
L'œuvre, créée en février 1946, est une brillante réussite par son jeu de variations à partir d'une même cellule musicale, dont la grande rigueur d'écriture n'interdit pas la fantaisie. Dès 1946, il fit un premier essai d'orchestration pour 11 de ces « notations », puis il utilisa certains de ces éléments dans d'autres compositions en 1957 et 1958. Par la suite, fort de son expérience de chef d'orchestre, notamment dans la conduite des œuvres de Mahler et Wagner, il reprit son travail d'orchestration à partir de 1978. Il ne s'agissait plus là d'une simple instrumentation, mais plutôt d'un exercice d'invention à partir d'un matériau personnel ancien, et d'un travail d'orchestration par amplification, prolifération. Il acheva les quatre premières Notations pour orchestre en 1980, année où elles furent créées à la salle Pleyel, et la notation VII en 1998.
La série projetée demeura inachevée, mais Pierre Boulez considérait qu'il s'agissait de pièces indépendantes que l'on peut jouer séparément, recommandant toutefois un ordre particulier si elles devaient être interprétées ensemble : les notations I, IV, III et II, éventuellement suivies de notation VII.
Envoi autographe signé : « à ma très chère Claude [Pompidou], affectueuses pensées et tous mes vœux les meilleurs pour 1980. En très fidèle amitié... »
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