Lot n° 493

FLAUBERT (Gustave) — Lettre autographe signée à Louise Colet. — Croisset [18 avril 1854]. — 6 p. sur 1 bifeuillet et 1 feuillet in-4 (24,7 x 19 cm).

Estimation : 2 500 - 5 000 €
Adjudication : 8 500 €
Description
Belle et longue lettre signée à Louise Colet, envoyée « mardi minuit » [1854] et écrite durant la rédaction de Madame Bovary.

Flaubert prie sa maîtresse de croire en sa propre bienveillance :
« Je voudrais te voir avant tout, heureuse, heureuse de toute façon, de toute manière, heureuse d'argent, de position, de gloire, de santé et si je savais quelqu'un qui pût te donner tout cela, je l'irais chercher pieds nus. Le bonheur, ou ce qui en approche, est un composé de petits bien-être, de même que le non malheur ne s'obtient que par la plénitude d'un sentiment unique, qui nous bouche les ouvertures de l'âme aux accidents de la Vie ». Il lui donne des nouvelles de la rédaction en cours de Madame Bovary : « Je patauge en plein dans la chirurgie. J'ai été aujourd'hui à Rouen, exprès, chez mon frère, avec qui j'ai longuement causé anatomie du pied et pathologie des pieds bots […]. Ah ! les aurai-je connus les affres du style ! Au reste, tout, maintenant, m'est montagne ! […] J'ai fait, je crois, un grand pas, à savoir la transition insensible de la partie psychologique à la dramatique. Maintenant, je vais entrer dans l'action et mes passions vont être effectives. Je n'aurai plus autant de demi-teintes à ménager. Ce sera plus amusant, pour le lecteur du moins […]. Quand arrivera-t-il donc ce bienheureux jour où j'écrirai le mot : fin ? Il y aura en septembre prochain trois ans que je suis sur ce livre. Cela est long, trois ans passés sur la même idée, à écrire du même style (de ce style-là surtout, où ma personnalité est aussi absente que celle de l'empereur de la Chine), à vivre toujours avec les mêmes personnages, dans le même milieu, à se battre les flancs toujours pour la même illusion ».

Cette lettre est l'une des dernières envoyées par Flaubert à sa plus célèbre maîtresse. Elle porte quelques ratures et corrections de la main de Flaubert.

─ Bibliographie :
Flaubert, Correspondance, Pléiade, t. II, p. 550.

Traces de rouille laissées par un trombone en marge, traces de pliures, quelques petites taches.
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