Lot n° 466

BEAUVOIR (Simone de) — Correspondance autographe signée avec Bianca Bienenfeld. 1946-1982. — 101 p. in-8 et in-4, papiers divers.

Estimation : 1 000 - 1 500 €
Adjudication : 4 500 €
Description
Très riche correspondance rassemblant 41 lettres adressées à Bianca Bienenfeld.

Cette correspondance, qui court sur près de 40 ans, repose sur une amitié intellectuelle et éclaire les débats de l'époque, tout en apportant également des informations d'ordre privé, notamment sur la vie de Simone de Beauvoir aux côtés de Jean-Paul Sartre.

Bianca Bienenfeld (1921-2011), juive d'origine polonaise, avait dix-sept ans lorsqu'elle entra dans la classe de philosophie de Simone de Beauvoir, qui la remarqua pour son intelligence. Peu à peu des relations intimes se nouèrent entre les deux femmes, avant que Bianca ne devienne également la maîtresse de Sartre, âgé alors de trente-quatre ans. Les deux philosophes constituaient ainsi un nouveau « trio », comme celui qu'ils avaient formé avec
Olga Kosakiewicz. Sartre rompit brusquement avec Bianca en février 1940, et Simone de Beauvoir fit de même en octobre. Elle reprit cependant après la guerre des relations avec elle et les deux femmes restèrent en contact
jusqu'en 1982. Elle écrivit quelques années avant la mort de Simone de Beauvoir : « Il est vrai que vous m'avez fait beaucoup de mal, que j'ai beaucoup souffert par vous, que mon équilibre mental a failli être détruit, que ma vie entière en a été empoisonnée, mais il est non moins vrai que sans vous je ne serais pas devenue ce que je suis. Vous m'avez donné d'abord la philosophie, et aussi une plus large ouverture sur le monde, ouverture que je n'aurais sans doute pas eue de moi-même. Dès lors, le bien et le mal s'équilibrent. »

Ces lettres renseignent aussi sur les voyages du couple Sarte-Beauvoir et leur regard sur la politique des années 1950-1970, notamment la guerre d'Algérie. Elles apportent un éclairage de première importance pour suivre la genèse du Deuxième Sexe, depuis son écriture jusqu'aux réactions suscitées par sa parution. Simone de Beauvoir se coupe de tout et se plonge dans le travail :
« Je travaille vraiment du matin au soir, le matin chez moi, l'après-midi chez Sartre, et nous passons les soirées chez moi à boire des jus de fruit, c'est te dire ! » L'écriture lui réserve toutefois des bonheurs :
« Mon livre sur la femme m'amuse follement et je souhaite qu'il amuse aussi les autres. C'est plein d'histoires que j'ai prises dans des livres de psychiatrie […] tu ne peux pas imaginer toutes les stupidités que j'ai lues. »

Quelques rousseurs, traces de pliures.
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