On peut espérer que Boris Vian aurait apprécié de figurer dans ce catalogue en aussi bonne compagnie, près des grands indésirables. Près des maudits, lui dont le cœur s’est arraché à trente neufs ans à force de souffler dans sa trompinette de Ville d’Avray à Saint-Germain des prés. Que cet ensemble exceptionnel de manuscrits et de livres soit proposé à la vente l’année de la célébration de sa naissance n’est que pure coïncidence... On entendrait voler un imprésario ou mentir un expert ! Difficile de renoncer à dire que Vian sortait de Centrale, tous les ingénieurs de Paris ont eu à supporter cette blague de potache. Ingénieur, romancier, traducteur, directeur artistique, jazzologue, musicien, et même pataphysicien, Boris Vian est l’intelligence même, l’intelligence pas servile.
LIEU et date de la vente Aguttes Neuilly. Mardi 17 novembre 2020 à 14h00. Claude Aguttes - Sophie Perrine, Commissaires-Priseurs. Renseignements et contact : Pauline CHÉREL - Tél :+ 33 (0) 1 47 45 00 92 - E-Mail : cherel@aguttes.com – Responsables de la vente : Sophie PERRINE, Commissaire-priseur habilité - E-Mail : perrine@aguttes.com - Tél : + 33 (0) 1 41 92 06 44 - Assistée de : Maud Vignon - Tél : + 33 (0) 1 47 45 91 59
Expert : Claude OTERELO, Membre de la chambre national des experts spécialisés Tél.: +33 (0) 6 84 36 35 39 - E-Mail : claudeoterelo@aol.com
VIAN Boris — (1920-1959) — Importante correspondance de 52 lettres autographes signées et 1 carte autographe signée, adressées à sa femme Michelle. — 1941-1954, divers formats, enveloppes conservées.
Estimation :5000 - 6000
Adjudication :39 000 €
Description
Belle correspondance évoquant ses enfants, ses activités, des traductions de Michelle Vian, sa passion pour les voitures, etc...
- [1941], «Ici Bison Ravi. Sois ce soir à 6h25 au Théâtre de l'Œuvre, signé Bison (c'est très sale)»; - 17 février 1941, «En tant que secrétaire particulier des bougres et bougresses de la famille Vian, honorablement censuré ça et là, je vous dit de vous trouver à St Lazare à 3 heures moins 5, mercredi prochain [...] Vous aurez l'avantage d'y trouver un grand mâle blond, dans le genre fleur de Nave, saucisson tête de flanc, hure de cornemuse et bourinard»
- 12 avril 1943, «Je vais encore me coucher tout seul et chercher avec mes jambes et ne rien trouver et c'est très ennuyeux [...]. J'ai téléphoné à Simone où je vais dîner mardi. Ha Ha ton homme se dévergonde [...]. Mon chéri, minet chat lapin chou rat volaille, jambon je m'ennuie de toi, je veux te biser. [...] La luxure, voyez-vous, c'est baiser en canard quand on peut, baiser en levrette ou comme tout le monde, ou comme les Anglais. Dis ça à Stéphane et au curé»
- 8 septembre 1945, «[...] Je voudrais bien avoir le surmâle. Je suis un individu. Je pense, donc j'oublie.
[...] J'imagine que l'éclat du soleil dans la mer produit une rutilance hadrienne et que le son du crabe est trust au fond des bouées. Je ne sais plus quoi faire du membre que des générations d'aïeux m'ont transmis mais j'ai mis Dieu en néquation. Jarry calcule bien sa surface, pardine sardines ? En manges-tu ?»
- 11 septembre 1945, «Il m'arrive une chose très funny. Mathis (Roger) le copain de Col(son) Guy m'avait (avant les) vacances, téléphoné (tu sais, pour jouer), avec un orchestre où y avait 2 américains et j'y avais dit : à la rentrée. Et il m'a téléphoné hier soir. Et j'y suis. Tous les soirs nous allons jouer sur un petit show boat qui se promène sur la Seine avec des GI et des mademoiselles»
- 26 février 1948, «Je ne peux plus entendre Luter parce que c'est vraiment très peu accordé et fort discordant. Louis, il joue par coeur tous ses chorus et comme je les connais par coeur, je pourrais en faire autant si je savais jouir de la Trompinette et tous les orchestres, y a au moins un thruc qui khloche, alors je ne sais pas quoi faire ni dire parce que je suis mal content»
- 15 août 1948, «J'ai pas encore eu le temps de me masturber, aussi je t'écris pour le faire en pensant à tes fessinettes. J'ai trop bouffé de gâteaux avec le gazozo, alors j'ai envie de chier. C'est rien, ça m'arrive tous les jours. J'espère que tu as fai bon vouaiage. Et que t'es arrivée encore vierge. J'ai pas encore trouvé des gonzesses à baiser. J'ai mal au cul. La chaise est dure et le stylo vagit»;
- 16 août 1948, «On a inventé une nouvelle espèce de musiquette qui est extra rupiviante [...]. On en a mal à la tête, parce qu'on y a joué toute l'après-midi dans ma chambre et il pleuvait [...]»
- 18 décembre 1949, «[...] j'ai de l'ennui, je ne peut pas man défaire, je suit vieu et je paire mes cheveut et j'ai anvit de rien et au plusse je ne mainteresse pas, braif je voit la vit en rose mais je fet mes réfor pour prendre goût à tout et je ne peux pas. [...] Je te fet envoyé un cadeau de sorcier, une chose espéciale que tu me dirat si tu peut'en servir et à Pat et à Yaya et à Joël»
- 22 décembre 1949, «J'ai aligné depuis ce matin (il est 14 heures) treize pages de grosses cochonneries, ces sacrés types, ils baisent tout le temps. Enfin, si ça les amuse. Fais pas de péchés d'envie devant les magasins de chaussures : achètes-en une paire, qui te fasse plaisir. [...] Il y a un bateau terrible dans le port. Une belle goélette noire, toute neuve, plus grand que le Blanche-Neige, qui s'appelle le «Vagrant» [...]. Tu peux pas savoir ce qu'il est beau, bien plus que le Zaca. Ça me fait salement envie [...]
- 30 décembre 1949, «Au reçu de cette lettre, bondis immédiatement chez Vittoz (passage Verdeau) où tu voudras m'acheter le disque decca MG 9235, The Harry Lime theme, cithare solo par Anton Karas, c'est un disque sensationnel d'ailleurs tu le connais déjà. Je l'ai écouté trente sept fois de suite hier à l'hôtel Aïoli. On y a un picupe et j'ai failli devenir fou. Mais en rentrant, j'ai écrit des tas de pages et ça marchait tout seul»
- 4 janvier 1950, «J'ai fini mon Sullivan et je suis très content, bien que ça soit d'une connerie hurlante. Mais ça baise, c'est l'essentiel, et à la fin tout le monde meurt. [...] Bientôt on s'en va d'ici, ça me fait plaisir. Ça me fait toujours plaisir de partir. [...] J'ai trouvé des tas de choses pour mes tas de romans en projet. Je vais écrire tout ça à Paris [...]»
- 28 août 1950, «Hier c'était un vieux Mack Sennett terrible avec Chester Conklin et des choses vraiment sensationnelles, et un film - le premier film - de Franck Capara avec Harry Langdon, où il y avait des choses mais très endormant de lenteur effrayante. Sartre était là paraît-il mais je ne l'y vis point ? Prévert et Chagall aussi, qu'eux je vis» - Vendredi 5 janvier 1951, «Mon roman est virtuellement fini. L'affaire de 80 pages dont le planning est terminé. Ça sera sans doute le plus long de tous. J'ai acheté (à crédit) quelques bons bouquins et le 1er volume du théâtre de Pirandello pour lire Henri 4. Pas encore lu. Envoie moi une photo de Lola. J'ai une affreuse envie de la voir. Mais je ne peux pas venir avant que ce livre soit terminé. [...] Aucune raison d'interdire à André [Reweliotty] de jouer plus de 3 soirs par semaine. Il n'y a plus rien à espérer du côté de ce club pour gogo. S'il est plus talonné il trouvera autre chose. [...]»
- 13 janvier 1951, «J'ai le planning de toute la fin de mon roman. Ça s'ajuste enfin tout seul, j'ai enfin retrouvé un peu l'impression que j'avais à la fin de l'Ecume»
- 17 janvier 1951, «Encore des remarques : Abrège le plus souvent possible. Moins de mots : les trucs comme il avait été, répétés dix fois dans la page, ça va en anglais, pas en français - Oh, et puis quand j'ai une traduction dans les pattes, je suis maniaque et j'y peux rien mais je suis forcé de soigner au maximum»
- 6 mars 1951, «Queneau a eu le Gd Prix du Disque avec Zizi Jeanmaire pour la Croqueuse et à titre de célébration, on a dîné, avec Jeanine, sa soeur et son fils aux Savoyards. [...] Hier pour m'élever l'âme, j'ai relu qu'est ce que la littérature (en partie, après j'ai dormi). Noter à propos des collaborants (Drieu, Céline, etc.) qu'ils n'ont pas trahi du tout. Ils sont restés fidèles à leur clientèle. C'est plutôt estimable, non ?, puisqu'il faut les considérer comme des producteurs quelconques».
─On joint un poème autographe :
«Mon minet en bois, en bois tourné, lisse et vert / Je ne sais pas du tout quoi je pourrais y mettre / Mais c'est tes 24 ans. Je t'écris une lettre / A coeur ouvert, en vers - d'ailleurs en mauvais vers»
- 22 mars 1951, «J'ai commencé à écrire ma pièce sur les généraux et que ça m'amuse. J'ai trop de travail, je trouve. D'autant que Queneau et Polan sont je crois d'accord pour prendre mon livre après quelques légères retouches que je sais exactement lesquelles. Pourquoi dis-tu pauvre Queneau ? il est absolument ravi ! Qu'est-ce que tu vas donc chercher dans les gens qui n'y est jamais»
- 26 juillet 1954, «Je me fais chier like à rat à attendre une réponse pour un putain de film de merde que je n'aurai que jeudi. Y en a un autre qui est pratiquement réglé, je vais faire en sept. un voyage d'étude (??) en Egypte à cet effet. Ça ne m'amuse point; mais il faut voir les fellahs, quand ce ne serait que pour leur reprocher la fellation qui les mine. Il n'y a pas une minute à perdre, aussi je vais limiter là cette missive intelligente et humoristique, car il va pleuvoir. Vive Paris, vive Paris. Dieu nous garde, amuse toi bien et rapporte une chèvre»
- 24 août 1954, «Et bien j'ai réalisé la liaison directe Paris-Saint Tropez en une brève étape unique de 26 heures. Depuis je me repose. C'est pour ça que j'ai le temps etc... J'eusse été plus vite 1°) s'il n'avait point plus toute la nuit de Parigi à Lugdune et 2°) si la Brasier avait des freins. Par comparaison, la BMW bloquait net. Les incidents se réduisirent à l'éclatement, à Lyon (je n'aime pas cette ville) du pneu neuf (sic) acheté avant le départ. Il était non pas neuf mais vieux comme disent les grecs». L'on joint 8 lettres de Michelle Vian à Boris Vian et une d'Ursula Vian à Michelle Vian.
♦ Rare correspondance.
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