VLAMINCK S'INSURGE CONTRE LE CUBISME.
Très intéressé par la peinture moderne, et ami de nombreux peintres, Carco publiera en 1921, à la N.R.F., une monographie sur Vlaminck, alors déjà très connu. Deux ans auparavant, journaliste critique d'art, il avait eu l'occasion de l'interroger à propos d'une enquête sur la nouvelle peinture française. Nous avons ici la réponse de Vlaminck, à la fois virulente et paradoxale, il en profite pour exprimer son opinion — très personnelle — sur bien des sujets, peut-être pour se moquer de ce genre d'enquêtes.
Vous me demandez ce que je pense du mouvement qui s'opère dans la “jeune peinture française” et à quelle œuvre je travaille ? Je vais faire mon possible pour vous satisfaire ? Je ne vais jamais au musée. J'en fuis l'odeur, la monotonie et la sévérité. J'y retrouve les colères de mon grand-père quand je faisais l'école buissonnière. Je ne vais jamais au cimetière et j'ouvre rarement le tiroir aux vieux souvenirs. Plus que jamais je m'efforce de peindre avec mon cœur et mes reins en ne [me] préoccuppant [sic] pas du style... Je ne demande jamais à un ami de qu'elle façon [sic] il aime sa femme pour aimer la mienne ni qu'elle femme je dois aimer et je ne m'occupe jamais comment on aimait les femmes en 1801 [...] Le style “à priori” comme cubisme, le roubisme etc. etc. me laisse indifférent je ne suis pas modiste, ni docteur ni scientifique [...] L'uniforme cubiste est pour moi très militariste et vous savez combien je suis peu “genre soldat”. La caserne me rend neurasthénique et la discipline cubiste me rappelle ces paroles de mon père: — Le régiment te fera du bien ! ça te dressera le caractère !!! — Je déteste le mot “classique” dans le sens où le public l'emploie. Les fous me font peur [...] La peinture, mon cher Carco, c'est bien plus difficile et bien plus bête que tout ça !