LETTRE AUTOGRAPHE A CHARLOTTE MARLIANI, [Marseille, fin février 1839]. 4 pages in-8 (205 x 132 mm), timbre sec GS, sous chemise demi-maroquin noir moderne.
BELLE LETTRE SUR CHOPIN, SES SOUCIS D'ARGENT ET FRANÇOIS BULOZ, DIRECTEUR DE LA REVUE DES DEUX MONDES.
Revenue de Majorque avec ses deux enfants et Chopin, George Sand est à Marseille, où Chopin tente de se rétablir.
Afin de payer son logement, elle sollicite l'aide de son amie?: Puisque Buloz [directeur de la Revue des Deux Mondes] vous remet l'argent de Simon, envoyez-le-moi, car celui que Chopin attend de son éditeur souffre quelque retard et je touche avec mon hôtesse au quart d'heure de Rabelais [...] Elle lui enverra sous peu son article sur Mickiewicz, qui sera je crois plus long que je ne l'annonçais. Que son amie défende aussi ses Cordes de la lyre auprès de la Revue des Deux Mondes: [...] notre Buloz hésite et recule parce qu'il y a cinq ou six phrases assez hardies, et que le cher homme craint de se brouiller avec son cher gouvernement. Elle donne des détails pratiques pour que cette pièce de théâtre soit publiée dans deux numéros de la revue. En outre, je voudrais que cela parût, car plus la revue tarde à m'insérer, plus les réimpressions tardent à venir et conséquemment je me trouve gênée, faites-le marcher, ma chère belle. Aux termes de mon traité, il est obligé d'insérer sans aucun retard tout ce que je lui donne [...] Elle a même préféré perdre moitié sur Lélia plutôt que de faire fragmenter cette longue tartine. Bonnaire et Buloz sont timorés: Ces messieurs espèrent que je vais bientôt leur donner quelque nouvelle à la Balzac. Malgré tout le talent de Balzac, je ne voudrais pas pour tout au monde me condamner à travailler dans le genre éternellement. J'espère que j'en suis sortie pour toujours. Que sa correspondante laisse donc gémir Buloz: Il faut bien que les lecteurs de la revue se fassent un peu moins bêtes, puisque moi, je me fais moins bête de mon côté.
[...] Chopin est toujours très bien. Il me charge de vous remercier bien tendrement de tout l'intérêt que vous prenez à lui. Soyez sûre que lui aussi vous aime bien, et que chacune de vos lettres est une fête pour nous deux. Le Docteur est très content de sa santé. Il nous mène souvent promener et dîner ensuite chez lui où il nous traite en gourmets. Hier il a versé à son malade un demi-verre de champagne coupé d'eau. Quand il lui en versera un second, il sera bu à votre santé.
Correspondance, éd. G. Lubin, t. IV, n° 1843.