Lot n° 135

CHÉNIER André (1762 1794)

Estimation : 1 000 - 1 500 EUR
Adjudication : 4 481 €
Description
L.A.S. «Chénier de St André», Paris 8 septembre 1790, [à François BARTHÉLEMY]; 1 page et demie in-4.
Très rare lettre au sujet d'un de ses premiers écrits politiques.
[François BARTHÉLEMY (1747-1830), futur Directeur, était alors chargé d'affaires à l'ambassade de France à Londres, où Chénier était aussi employé, tout en ayant la permission de passer l'été en France. C'est en août 1790 qu'il écrivit, inquiet de la situation politique, un Avis au peuple français sur ses véritables ennemis, publié le 28 août dans le Journal de la Société de 1789, dont il envoie des exemplaires à son ami pour les distribuer à Londres. En publiant cette lettre, Paul Dimoff soulignait la rareté des lettres de Chénier, «vingt-cinq en tout».] «Vous connaitrez l'état de Paris [...] par beaucoup d'autres voyes, et aussi par la lettre que j'écris à Mr l'Ambassadeur. Je vous envoye un petit écrit assés sévère, et que j'ai cru utile à publier dans les circonstances où nous sommes et d'où nous ne sortons pas. Je vous prie de vouloir bien remettre les exemplaires qui sont sous le meme paquet à Mr l'ambassadeur,
Madame de la Luzerne, et Mr Restif [RESTIF DE LA BRETONNE], à qui je fais mes tendres amitiés; et de faire parvenir l'autre à Mde Church».
Puis il parle «d'une affaire à laquelle s'interessent quelques-uns de mes amis que je voudrais pouvoir obliger. Ils m'ont prié de faire en Angleterre quelques démarches», concernant «un Mr Benjamin Banks de Barnstaple en Devonshire, lequel avait fait à l'île de France un billet de 15 mille roupies à une Mlle Helene Chevalier, avec promesse de luy en réitérer le billet, et de l'épouser, et même de luy faire donation entiere de ses biens.
Il l'épousa à Ste Helene. Il parait qu'il abusa de ce qu'elle ignorait la langue, et qu'il a asses villainement essayé de la tromper; car il a été [dit] aux parens de cette dame que le mariage n'était point par-ce-qu'il n'y avait pas eu de témoins qui eussent signé. J'ai cependant vu et lu une lettre écrite et signée de sa main dans laquelle parlant avec une grande douleur de sa mort il l'appelle clairement sa femme. Elle est donc morte. Les 15 mille roupies qui devaient luy être payées en tout état de cause, ne l'ont jamais été; sa famille les redemande aux termes du billet. Je vous demande pardon de la peine que je vous donne, en vous priant de consulter quelques gens de loy, pour savoir quel parti on peut tirer de tout cela devant les tribunaux de Londres»...
Provenance
Pierre-René AUGUIS (22 octobre 1827, n° 1105); marquis de L'AIGLE (6 février 1946, n° 15); André GÉRARD; publication (fautive) par André Dimoff, «Une lettre inédite d'André Chénier à François
Barthélémy», Revue l'histoire littéraire de la France, avril-juin 1963, p. 292-294.
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