Lot n° 211

*Alexandre-Balthazar-Laurent GRIMOD DE LA REYNIÈRE. L.A.S. « GDLR », Béziers 7 mars 1791, à Mlle FEUCHERE à Lyon ; 3 pages in-4 remplies de sa petite écriture, adresse, marque postale (petit bris de cachet).

Estimation : 400 - 500 EUR
Description
*Alexandre-Balthazar-Laurent GRIMOD DE LA REYNIÈRE. L.A.S. « GDLR », Béziers 7 mars 1791, à Mlle FEUCHERE à Lyon ; 3 pages in-4 remplies de sa petite écriture, adresse, marque postale (petit bris de cachet).

BELLE ET LONGUE LETTRE AMOUREUSE ET GOURMANDE A SA MAITRESSE. Grimod déplore les lenteurs de la poste... « Quoique le Commerce et l’amour soyent les deux soutiens de la poste, je t’assure que les courriers s’embarassent fort peu des vœu des négocians et des amoureux, et qu’ils n’en vont pas pour cela plus vite. J’ignore s’il y a à Beziers beaucoup d’amans séparés de leurs belles ; mais je crois que les sentimens n’y sont pas fort vifs. Il y a ici plusieurs jeunes femmes assez jolies, plusieurs jeunes gens assez bien tournés, et l’on n’entend pas parler de la plus légere intrigue ». On pourrait décerner « à tous un certificat de chasteté ». Cependant Grimod a appris qu’une dame prude qui s’offusquait des « nudités très gazées de mes vers » recevait tous les matins au lit le colonel du régiment. Grimod se plaît dans la société de « vieilles devotes qui ont de bonnes tables, et surtout à l’Evêché où l’on me traite au mieux. Cet empressement à voir souvent Mgr. dans un moment où il est persécuté, où l’intrus nommé à sa place (qui n’est pas vacante) a fait son entrée hier en cette ville, c paroit lui faire grand plaisir [...] Le repos est bon pour engraisser, et je veux vous arriver rond comme une boule, et gros comme un tonneau. Ce sera pour vous tout cet embonpoint ». La « succulente table de Mgr. » ne saurait cependant lui faire oublier son amie. Il ne sait encore s’il ira à Bordeaux. Son rêve serait de réunir dans la même ville sa tante et son amie. Il se moque de l’opinion de la femme qu’il nomme « la pleine lune [...] Je viens de terminer une piece intitulée mon retour à Beziers, pour faire pendant à mes adieux, où dans les deux seuls vers qui parlent d’elle, elle est assez mal accomodée ». Il s’étonne que son amie n’ait pas reçu « la boite de Pastilles de Rose ». Il lui enverra des perdrix : « elles sont plus sêches que dans l’Automne mais cependant encore bien bonnes, quand on ne les brule pas [...] Je vous conseillerois d’en faire faire un bon paté froid par M. Velay [...] Ces betes sont en ce moment très rares à cause des jours gras [...] Au commencement du carême j’irai moimême vous en choisir au marché »... À propos des « rigueurs du cloître », Grimod s’écrie : « C’est bien plutot la garde nationale qu’il faudroit enterrer toute vive, partout le retour à l’ordre et à la paix seroit bien facile ». Grimod pense que le Voyage du jeune Anacharsis « n’est pas une lecture fort amusante pour votre sexe et votre age ». Il a fait envoyer à son amie des pignats et des marrons. Il parle de son commerce d’épicerie... Son appétit est excellent, il n’a pas eu de problèmes d’estomac : « J’ai reculé ma medecine afin de n’etre pas obligé de faire diète en Carnaval, et de laisser echapper quelque bon gueuleton »... Il pense enfin aux voluptés du retour : « je te verrai, te serrerai dans mes bras, et m’enivrerai avec toi des plus douces faveurs de l’amour et de la volupté. Je baise toutes les parties de ton joli petit corps (qui doit être à present blanc comme une bougie) avec les plus ardens baisers »...
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