Importante lettre sur la vente de trois Symphonies.
[La lettre est adressée à l'éditeur de musique parisien Charles-Georges Boyer, qui commençait son activité, avait demandé à Haydn des oeuvres inédites en exclusivité. C'est la première lettre connue de Haydn à un éditeur étranger : il s'y montre un homme d'affaires avisé, prenant divers prétextes pour ne pas signer un contrat qui le lierait, mais proposant de vendre à Boyer ses trois récentes Symphonies (nos 76, 77, et 78), écrites en 1782 pour l'Angleterre, en l'assurant qu'elles se vendront très bien !] Il a bien reçu la lettre de Boyer, mais doute de pouvoir satisfaire sa demande.
Son contrat avec son Prince [Esterhazy] lui interdit d'envoyer à l'étranger ses propres manuscrits, car il les garde pour lui-même. Haydn pourrait certes réaliser 2 partitions de chaque oeuvre, mais il n'en a pas le temps, et ne voit d'ailleurs pourquoi il le ferait; quand un morceau est copié proprement et correctement, il peut être donné plus rapidement à la gravure. 2° On peut avoir foi en sa parole, plutôt que dans un morceau de papier. Il a composé l'an dernier 3 symphonies superbes, magnifiques et sans aucun doute trop longues, pour 2 violons, alto, basse, 2 cors, 2 hautbois, 1 flûte, 1 basson, mais toutes très faciles et pas trop concertantes, pour ces messieurs les Anglais. Il avait l'intention de les porter là-bas et de les produire lui-même; mais une certaine circonstance a fait obstacle à ce projet, et il est donc prêt à céder ces 3 Symphonies. Personne ne les a pour l'instant; que Boyer indique donc à Haydn ce qu'il lui en offrir, car, dans sa situation, il ne livrera ses œuvres qu'à la personne qui paiera le mieux.
Cela dit, il assure Boyer que ces 3 Symphonies seront pour lui un départ formidable... Il attend sa réponse. «Hoch, und wohl gebohrner Insonders Hoch zu verEhrender Herr! Dero werthes v. 2tn Juny hab ich erst gestern bey meiner zurückreise erhalten, und daraus dero Verlangen mit vielen Vergnügen durch lesen: ob ich Sie aber hierinfals werde contentiren könen, zweifle ich aus folgenden Ursachen, erstens darf ich keine von meinen eigenen handschriften vermög Contracts so ich mit meinen Fürsten machte, ausser land schücken, weil er dieselbe selbst auf behält, ich könte zwar ein Stück 2 mahl in die Partitur sezen, dazu aber wird mir die zeit zu kurtz, und finde auch keine hinlängliche ursach dazu, den wan ein Stück sauber und Correct abgeschrieben ist, so ist es deste geschwinder dem Stich unterworfen. 2tns muß man meiner rechtschaffenheit, und nicht dem Papier glauben beymessen: ich verfaste voriges Jahr 3 schöne, prächtige und nicht gar zu lange Sinfonien bestehend in 2 Violin, Viola, Basso, 2 Corni, 2 oboe, 1 flauten, und 1 Fagott, aber alles sehr leicht, und nicht vil concertirend, für die Herrn Engländer, welche ich selbst überbringen, und alldort produciren wolte - da aber ein einziger Umstand solches verhinderte, so bin ich bereit diese 3 Sinfonien hindan zu geben. NB: Sie sind noch in keiner hand: Sie werden demnach die güte haben, mir ehestens zu berichten, was Sie mir dafür zu bezahlen im stande sind. Das will sagen, wie hoch Sie sich einlassen können, dan meine sach ist dermahlen, wie für jederzeit diejenige, wer mich am besten bezahlt, soll meine arbeithen erhalten; hingegen versichere ich Sie, dass Sie mit diesen 3 Sinfonien einen gewaltigen Abgang haben werden»... Gesammelte Briefe und Aufzeichnungen (H.C. Robbins-Landon, D. Bartha éd.; Bärenreiter, 1965), n° 56, p. 129 (incomplète de la 2e page).