6 L.A.S. « Thomas », 2 L.A. et 1 L.S., Paris 1770-1779, au président Antoine Bonnier d’alco, à Montpellier ; 10 pages in-4, adresses avec cachets de cire (brisés).
Belle correspondance littéraire au jeune président de la Cour des Aides de Montpellier.
27 janvier 1770. « J’ay vu eclore vos premiers talens ; et je me rappelle avec plaisir les instans ou vous voulés bien me consulter sur des essais qui annoncoient une ame sensible et une imagination forte » ; mais ces débuts littéraires prometteurs ont peut-être été sacrifiés à « des devoirs austeres. Si vous les joignés ensemble, vous ferés comme les L’Hopital et les Montesquieu »…
1er septembre 1774. « Vous pouves chanter Mahomet second et les turcs tout a votre aise, sans craindre de choquer la pourpre romaine. Les muses, comme vous sçaves, sont filles du Ciel ; et les beaux vers sont de toutes les religions. Le cardinal ambassadeur [BERNIS] qui a uni la barette au myrthe d’Horace, sçait qu’il faut vivre en paix avec toutes les puissances »…
[1774]. Il ne s’étonne pas de l’approbation que le cardinal de Bernis a donnée à ses vers : la poésie « a fait sa réputation dans un temps ou il n’aspiroit qu’a la réputation. Depuis il a eu mieux a faire, et au lieu de concilier des rimes et d’arranger des hémistiches, il s’est occupé a concilier et arranger des etats »…
24 avril 1775. « Le patriarche de Ferney [VOLTAIRE] parle a son aise de l’envie ; c’est Apollon qui parle sur le corps du serpent pithon terrassé a ses pieds. Mais les dents du monstre sont terribles, et tout le monde n’a pas les flèches du dieu. Je vous souhaitte […] une des flèches de son carquois. C’est a vous d’irriter le monstre et de le vaincre »…
7 juillet 1775. Il s’étonne de voir une de ses lettres particulières insérées dans le Mercure : elles sont « peu faites pour les regards du public. Mr de Voltaire seul peut avoir ce droit ; tout ce qui echappe de sa plume, peut interesser, et ses eloges deviennent des titres »…
20 janvier 1777, sur l’avancement de son « poëme de Pierre le Grand »…
14 juillet 1778. Il déplore les circonstances de l’enterrement de VOLTAIRE, et les interdits de publicité et de représentation théâtrale qui ont suivi sa mort…
6 février 1779. « L’éloge de M. de Voltaire proposé a l’académie doit reveiller tous les talens. En le celebrant, il faut parler sa langue, et des vers dignes de lui sont le plus bel hommage »… Etc.
On joint une intéressante l.a.s. d’un homonyme, Valon 14 juin 1678, commentant les Psaumes en vers français de Valentin CONRART.