L.A.S. « Silhon », [Venise, vers 1630 ?] ; 2 pages in-fol.
Belle et rare lettre de Venise.
Après tant de civilités, le départ de Venise de son correspondant laisse à Silhon un grand déplaisir. « Vous ne trouverez pas cela estrange, Monsieur, quand je vous auray encor dit que toute cette ville en a esté esmeüe, & que vous y avez gaigné tant d’inclinations, & de volontez, que si ses interets n’estoient entierement meslez avec les nostres, la conduite dont vous avez usé pour cet effet, y eust passé pour conspiration, & la Republique en eust esté plus troublée, qu’elle n’a esté autrefois des pratiques du Duc d’Ossone, & du Cardinal de La Cueva. Mais pour vous, Monsieur, Venise n’a que des honneurs & des delices. Elle vous attend desja avec de nouveaux plaisirs : la pompe de son cours sera plus grande que de coustume à vostre retour, & jamais le grand Canal n’a porté de si belles charges, qu’il fera si vous revenez. […] pourveu que le service du Roy & les occasions de la gloire ne vous appellent ailleurs, je me persuade que la persone de Monsieur l’Ambassadeur a des atraits si puissans, qu’elle seule sera capable de vous disposer à l’obliger d’une seconde visite »… Il relate un étrange incident : « C’est que le Patriarche a defendu aux Relligieuses de St Laurens de ne parler absolument à nul forestier, sans excepter Madame de Rohan & ses filles. Sur quoy les speculatifs sont bien empeschez, & leurs maximes politiques en desordre. Mais, Monsieur la commune opinion est que cette defence cessera à vostre retour, & que vous avez plus d’authorité pour changer l’ordre de cet Estat, que le Pape, qui n’y a pû faire violer une petite Loy en faveur du Cardinal Cornare, ny luy assurer l’Evesché de Padoue »…
Mais, Monsieur la commune opinion est que cette defence cessera à vostre retour, & que vous avez plus d'authorité pour changer l'ordre de cet Estat, que le Pape, qui n'y a pû faire violer une petite Loy en faveur du Cardinal Cornare, ny luy assurer l'Evesché de Padoue»...