L.A.S. « Nivelle », Amsterdam 9 septembre 1720, à Charles Sablier à Paris ; 3 pages in-4, adresse (petite galerie de ver).
Amusante réclamation d’un sujet dramatique, en langage poissard.
« Sera-t-il dit que vous n’écrirez que dans vos f. grimoires et que vous ne songerés pas a me feliciter, sur ma prodigieuse fortune, par la morbieu je sens lorgeuil qui me prend comme une envie de pisser, je suis d’avis de vous écrire de la manière que Dagobert parloit a ses chiens. Dittes moy un peu
Petit marchand de gloire imaginaire
Ce que vous aves fait de mon Torchecul Tricentenaire
(si javois songé a la rime jaurois mis la mesure qu’il y falloit) pardonnés ce retour de tendresse pour un enfant de ma cervelle cest je crois le seul que jaye eu de ma vie mais je n’ay plus rien a faire avec Plutus je retourne a mes moutons qui sont les muses, ma veine se remplit tous les jours il faut quincessament je me purge que je rime ou que je creve, ainsy envoyés moy un sujet, ne paroit il point quelquouvrage sur lequel je puisse tomber a bras raccourcis enfin jay tant besoin d’un sujet que je crois que je ferois plustost la critique du sisteme que de ne pas faire de vers voyés lextremité ou je serais reduit, si la providence d’Appollon envoyoit par exemple a son serviteur une bonne grosse tragedie qui valut la palinodie »… Et d’improviser :
« Je monteray sur ce cheval fameux
Sans sçavoir ou je picqueray des deux »… Etc.