Lot n° 676

MALET Jean Roland (vers 1675 1736) économiste, administrateur et poète [AF 1714, 40e f]. —

Estimation : 1 000 - 1 200 EUR
Adjudication : Invendu
Description

MANUSCRIT autographe, [1721] ; 9 pages et demie petit in-fol.

Brouillons d’un projet de discours à l’Académie française à l’occasion du décès de l’académicien Marc-René d’Argenson et de la réception de son successeur à l’Académie, Mgr Jean-Joseph Languet de Gergy.

[Marc-René d’ARGENSON (1652-1721), Lieutenant Général de police, puis garde des sceaux, était mort le 8 mai 1721 ; Jean-Joseph LANGUET DE GERGY (1677-1753), alors Évêque de Soissons, fut élu, non sans mal, à son fauteuil le 14 juillet ; sa réception eut lieu le 18 août 1721, et c’est Jean-Roland Malet qui le reçut.

Il s’agit de versions successives, abondamment raturées et corrigées, très différentes entre elles, et très différentes également du texte imprimé du discours, où l’éloge du Marquis d’Argenson n’occupe que deux paragraphes ; on verra que Malet avait d’abord préparé son discours pour recevoir Louis RACINE, dont la candidature fut écartée par le Cardinal de Fleury.]

Le premier brouillon, sur les 4 pages d’un bifeuillet, commence ainsi : « Vous succédes monsieur a un homme illustre par sa naissance par ses emplois ses dignités ses talens et plus encore par son zele et son devouement pour le bien public. On peut dire quil a moins vecu pour luy mesme et pour sa famille que pour sa patrie dont il a esté lornement et lappuy »… Malet retrace longuement la carrière et le caractère de M. d’ARGENSON, pour conclure :

« Il estimoit il aymoit cette Compagnie il se fit un honneur et plaisir de voir son nom meslé avec celuy de tant de grands hommes qui composent lacademie amateur des belles lettres il en fit ses delices dans ses plus importans emplois et sa consolation dans la solitude ». Puis vient la partie consacrée à Louis RACINE :

« En vous choisissant monsieur nous rendons en quelque sorte au fils la gloire que nous avons receu du père. Ca esté de nos jours un rare et merveilleux spectacle de voir deux poetes que la voix commune egale aux deux plus fameux poetes de lantiquité se disputer entre eux la gloire du theatre »… Malet développe alors un beau parallèle de CORNEILLE et RACINE… Après trois brefs paragraphes sur d’Argenson, Malet commence sa réponse à LANGUET DE GERGY :

« Vous sortes dune famille ou le merite et la vertu se communiquent avec le sang. Nous voyons 4 freres qui dans des postes et des emplois differens tous animés du mesme esprit et de la mesme ardeur pour la patrie rendent au Roy a leglise et a letat des services egalement uitiles et importans »…

Le second brouillon, également sur un bifeuillet, porte en tête :

« Corrigé et finy ». Il commence ainsi : « A peine avons nous essuié nos larmes sur la perte de trois célèbres academiciens que la mort de Mr DARGENSON nous oblige den repandre de nouvelles pourrions nous refuser nos regrets et nos éloges a un homme si distingué par sa naissance, par ses emplois ses dignités, ses talens et plus encore par son zèle et son dévouement pour le bien public. Cestoit sa passion dominante on peut dire quil en a esté la victime puisque la langueur et lepuisement qui ont abregé ses jours n’eurent d’autre cause que son application infatigable a prévenir les malheurs qui menaçoient ou qui desoloient la patrie »… Etc. Après l’éloge de d’ARGENSON vient celui de Mgr LANGUET DE GERGY qui se termine ainsi : « Si les devoirs indispensables de lepiscopat vous dispensent et vous empêchent de suivre le penchant que vous auries a frequenter nos assemblés [...] Vous pouves par vos conseils vostre protection et vos exemples luy servir de pere de protecteur et de modele et entretenir la noble emulation quun de vos predecesseurs y a fait naistre »…

Enfin, un feuillet simple s’attache aux écrits de l’évêque : « Vos ecrits masles et vigoureux portent le caractere de la venerable antiquité on y voit briller de toutes part lonction la pieté lerudition la force »… Etc.

Très rare (Raoul Bonnet n’avait rien pu recenser de Malet).

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