Lot n° 616

GUIBERT Jacques Antoine Hippolyte, Comte de (1743 1790) o¤cier, tacticien et écrivain [AF 1785, 30e f]. —

Estimation : 1 000 - 1 500 EUR
Adjudication : 1 300 €
Description

L.A., camp de San Fiorenzo 29 août [1769], à son «cher bienfaiteur» ; 4 pages in-4.

Très belle lettre sur la campagne de Corse, critiquant violemment Paoli.

Il a joué son rôle le 31 juillet, le 1er et le 29 août aussi bien qu'il a pu.

«Zamor ne pouvoit pas etre plus emflamé contre Gusman, que je ne l'etois contre Barbaggi, et PAOLI qui à la tête de laches assassins nous insultent depuis que nous sommes en Corse, et fuient devant nous; ce beau mot de liberté n'est chéz le general corse que l'étendar de la tiranie, et du fanatisme, il gouverne en despote sa nation»... Il dénonce chez Paoli la ruse, la trahison, les cabales: «c'est par des confiscations, et des emprisonements qu'il a fortifié son parti, il a tout le fanatisme de Mahomet, mais il n'en â ni le genie, ni le courage»...
Il raille son frère Clément, qui passe pour le brave de la famille, mais «passe sa vie dans des actes de superstition», et assassine les Génois ou les Français qu'il croisent, comme d'ailleurs tous les intimes de Paoli, tel ce capitaine, sur lequel il raconte une anecdote glaçante...

«BARBAGGI son propre neveu, son homme de confiance que je viens de faire prisonier près de Nonza m'a dit que son oncle l'a trompé»... Une récente publication anglaise, An account of Corsica, exaspère Guibert, et l'épître dédicatoire à Paoli lui fait mal au coeur. Il dénonce le caractère des Corses: ils aiment l'indépendance «par vice, ils sont paresseux, vindicatifs, et fourbes; il me paroit que c'est une action digne d'un siecle que vous avés eclairé, de leur offrir une domination douce. [...] Paoli jusqu'à present ne me paroit qu'un Pantalon napolitain: mais toute la Corse au bout de cent ans vaudra t'elle a la France ce qu'elle coute déjà et le sang des hommes que nous perdons tous les jours ?»...

On joint une L.A.S., une L.A. et 3 P.S., 1782 et s.d. Plus 4 lettres ou pièces de son père, Charles-Benoît, Comte de GUIBERT, 1778-1786.

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