L.A.S. «Conrart», [1673], à Gabriel-Nicolas de LA REYNIE, «Conseiller du Roy en tous ses conseils» ; 2 pages in-4, adresse avec reste de cachet de cire rouge (petite déchirure marginale sans toucher le texte).
Belle et émouvante lettre alors que le vieil huguenot doit se cacher.
Conrart remercie La Reynie, ainsi que le Procureur général Achille de HARLAY, de leurs bontés pour lui :
«Vous m'avez l'un & l'autre tellement obligé, que cette faveur est un pur effet de générosité, que j'ai bien considéré ; mais que la Politique du temps m'a empéché de reconnoître plutôt, & que je diférerois encore, si ce que j'aprens ne m'obligeoit à rompre le silence». Il prie La Reynie «de ne point donner aucun ordre à l'égard de ma personne, ni à l'égard de ma maison, de laquelle j'ai crû me retirer seulement pour quelque temps ; mais il y a neuf mois». Il demande que «pas un des miens n'ait de peine en mon absence; et que les choses demeurent en l'etat qu'elles sont: espérant toujours une fin aux affaires entreprises extraordinairement.
Cette prière est par une personne de soixante-dix ans, sans lunette, & sans goute, Dieu merci. Je marchois volontiers par la ville, & voyois quelques amis : pas un allié, ni ami ne sait ou je suis»... Il prie Dieu «qu'il inspire le Roi nôtre souverain Monarque, pour le réjouïr, comme il inspira anciennement le Roy Louis XII qui bien loin d'aprouver les Croisades dont on parloit alors contre les Albigeois, qui avoient toujours fait profession de la Doctrine Apostolique, sans admettre les Traditions de Rome ; ce Prince eût la bonté de rendre un témoignage avantageux de nôtre Doctrine, & de nôtre fidélité & affection envers tous les Souverains tels qu'ils puissent estres. Mon intention est de persévérer en cette maxime Gauloise»...
CONRART Valentin: voir n° 767.