Description
tout monté sur onglets et relié en un volume in-fol. demi-maroquin rouge. EXCEPTIONNEL RECUEIL DE 21 DESSINS A LA MINE DE PLOMB ET AUX CRAYONS DE COULEUR, AVEC L'AUTOBIOGRAPHIE DU CRIMINEL. Né en 1911, après une enfance malheureuse, Émile Simonet suit l'exemple de son frère malfaiteur et devient en 1927 chef d'une bande d'apaches, les Kangourous du Bois Noir : "On dénommait Kangourous de jeunes apaches qui ranfonnaient les couples d'amoureux fréquentant le Bois Noir, près du Parc de la Tête d'or. Après avoir ligoté le galant, ils violentaient sous ses yeux sa partenaire” (Jean Lacassagne). Arrêté et emprisonné à Lyon en 1930, dans les prisons de Saint-Joseph et Saint-Paul, Fanfan se lie avec le médecin des prisons de Lyon, le Dr Jean LACASSAGNE (1886-1960, fils du célèbre médecin légiste) ; il est déporté en Guyane en 1933. Auparavant, il a donné ses cahiers de dessins au docteur Lacassagne, qui en reproduira six dans l'étude qu'il publie en 1939 dans les Albums du Crocodile avec le peintre Jean Couty : L'Art en prison. Dessins de Criminels. En février 1941, Jean Lacassagne donne ces cahiers de dessins au chorégraphe et librettiste Boris KOCHNO (19041990), qui a calligraphié le nom de Fanfan sur le premier cahier (dédicace de Lacassagne sur le 3e cahier). Voir : Émile Simonet dit Fanfan, Le Kangourou du Bois Noir. Dessins de criminels de la collection Lacassagne (Ceros, 2004). Dans sa présentation en tête de L'Art en prison. Dessins de Criminels, le docteur Lacassagne résume les caractéristiques des dessins de Fanfan : "L'homme du milieu manque en général d'imagination, c'est pourquoi il reproduit sur le papier, avec force détails, avec la plus grande minutie, ce qu'il connait ou ce qu'il voit. Il dessinera donc volontiers des filles, des souteneurs, des scènes de prison, de bordel et de bals musettes, des cambriolages, des règlements de compte. La plupart du temps on retrouvera dans ces dessins trois qualités maitresses du tempérament criminel, elles dérivent d'ailleurs l'une de l'autre : la haine, l'esprit vindicatif et la violence. Parfois cependant le criminel se laisse aller dans ses dessins à une sentimentalité délicate et touchante. Il dessine des fleurs, des femmes qui pleurent, le Christ en croix, la Sainte Vierge, des anges, des paysages bucoliques”... Quant à Jean Couty, il écrit : "La séduction qu'exerce sur nous le dessin [de Fanfan] est déterminée par le sens exact des rapports, des lignes et des couleurs. Le trait précis et vigoureux fixe les attitudes au réalisme poignant. (...) Fanfan a su tirer du sujet le maximum d'acuité visuelle, en faisant jouer les surfaces entre elles. Un ton d'ensemble unifie les groupes et donne plus d'intérêt plastique. L'échelle des personnages est là particulièrement bien ordonnée. La beauté du drame est renforcée par une savante harmonie de frottis superposés. Le trait incisif, jeune et cruel, et très souvent orgueilleux viendra avec la couleur jetée brutalement les délivrer de leur érotisme violent, de leurs passions arrêtées. Le refoulement de leurs instincts génésiques se canalisera dans les scènes du milieu et parfois quittant le naturalisme descriptif, ils se laisseront bercer par quelque invitation au voyage sur une terre lointaine, et ce sera le cas de Fanfan, par exemple”... En tête du premier cahier, on a relié un autoportrait en pied, daté 1930, ainsi légendé : "E.S. dit Fanfan : 19 ans. / 1 an : vol et violence. / 6 m[ois] exitation de mineures à la débauche. / 4 m violences. 1930 / 15 j[ours] : tentative de cambriolage 1929. / 1 m outrages à agents 1929. / Sl Joseph / Fanfan. / Né pour souffrir”. Le premier cahier est intitulé Les Maillons de ma chaine C'est .il porte une dedicace au docteur Jean Lacassagne ; SON AUTOBIOGRAPHIE. "Ceci est un peu de ma vie, c'est un peu de la misère et du vice que j'ai croisés sur les rues pierreuses des villes et dans les prisons de France et que je puis avouer de moins tristes parmi tout ce dont je me suis taché. Pour vous qui lisez ces lignes je revois les jours affreux de la guerre, ma mère faisant des obus à l'Arsenal avec mon père rendu inconscient par l'alcool, les récits de cambriolage et d'agression qui ont remplacé pour moi les contes de Perrault, la misère de mon enfance entre un frère cambrioleur et des sreurs prostituées, les jours moroses à la communale, les nuits où le sang et le vin coulaient mélangés, tout ce qui a déformé mes sentiments et m'a conduit sur la route du bagne”... Il évoque le père alcoolique et brutal, l'école, puis l'atelier dont il est vite renvoyé, la première expérience de la prison à 16 ans : "Là, je suis entré en contact avec les vices de l'homme car ma détention fut adoucie par la présence d'un möme âgé de 13 ans condamné à la maison de correction jusqu'à sa majorité pour une bicyclette”. Puis il devient chef d'une bande de frappes, la rencontre d'une fille, les attaques de passants pour les dévaliser, les viols, les bagarres sanglantes, d'autres séjours en prison, sa liaison à Clairvaux avec Petit-Louis, la prostitution masculine, un cambriolage qui tourne mal, une bagarre sanglante en prison, etc. Il conclut : "Pouvoir recommencer mais il est trop tard, comme pour tant d'autres la vision de la relègue dresse sa barrière infranchissable sur la route du bien, la relégation qui fait naitre l'assassin puisqu'un grand nombre de malfaiteurs tue pour se l'éviter, préférant l'échafaud ou les travaux forcés aux jours moroses et à la misère du pénitencier de Sl naeco'l ruS" : Suivent deux poemes .Jean” et ,un grand bateau qui nage...”Une cibyche. Outre deux dessins de chaines et de roses, le cahier est illustré de quatre grands dessins : "Au fade de la comptée (1918, d'après nature)” (le petit Fanfan assiste au partage du butin ramené par son frère et les filles) ; "fa joue” (Fanfan chante, accompagné par un personnage déguisé en diable jouant la mandoline) ; Fanfan dans sa cellule, dans un médaillon formé d'une chaine et d'une guirlande de pensées et de roses ; "Ceci est mon teste amant’, Fanfan crucifié, avec une femme à genoux. Le deuxième cahier comprend 7 dessins en pleine page représentant des scènes de sa vie et de ses méfaits : "Pas de sentiments en affaires", scène de cambriolage, la victime en nuisette, culotte et bas roses ; "Ils se font fabriquer par la sourde, au guinche", arrestation de la bande ; "Au chtar. Le greffe", inscription des prisonniers ; “Puis la barbote", représentant deux prisonniers nus, couverts de tatouages, ayant enlevé leurs vêtements, avec deux gardiens ; "L'anthropométrie", où le nu recouvert de tatouages se fait mesurer par un gardien ; "La cellote", prisonnier arpentant sa cellule ; "Un réfectoire (Clairvaux) M.P.M.”, signé, déjeuner des prisonniers sous la surveillance de quatre gardiens. Le troisième cahier comprend 7 dessins en pleine page, très élaborés, sur fonds de rose, étoiles, piques, personnages de fantaisie, etc. : une scène de cambriolage ; "Les mattons se font dérouiller", bagarre entre malfaiteurs et policiers ; comparution au tribunal ; départ du navire vers le bagne ; "22 voilà les gousses” : débarquement à Cayenne des prisonniers menottés, surveillé par la Mort (signé "Simonange”) ; un bagnard creuse sa tombe, veillé par un personnage crucifié sur une étoile rouge tenue par deux gardiens (le crucifié et les gardiens ayant une tête de mort) ; char transportant la Mort et divers personnages, tiré par Pégase sur la scène du "Théâtre Floket”,avec la légende : "On se tire à la vogue. On va monter sur les chevaux de bois”. Anciennes collections Jean LACASSAGNE puis Boris KOCHNO.