Lot n° 1122

SAINTE-BEUVE Charles-Augustin (1804-1869) [AF 1844, 28e f]. — 2 L.S. « Ste Beuve » en partie autographes, 1858-1864, à Adèle HUGO ; 3 et 2 pages in-8.

Estimation : 500 - 700 €
Adjudication : 650 €
Description
Deux belles lettres à Madame Victor Hugo.

28 juillet [1858]…
« Je me rappelle un temps bien lointain où nous faisions avec lui [HUGO] le projet presque fabuleux de quitter Paris et d’aller habiter je ne sais quel domaine champêtre du côté du Rhin : c’était au temps des grandes rêveries lyriques et avant qu’il songeât à la lutte présente du théâtre. Comment, après des années, après trente ans, cette absence, cette émigration de Paris, s’est-elle accomplie dans des conditions et sous des étoiles si différentes ? L’inspiration lyrique, certes, y a gagné, et au point de vue de l’avenir, le poète (pour ne parler que de lui) paraîtra s’y être retrempé à des sources puissantes bien qu’amères. […] j’ai fait dès longtemps mon deuil de tout vrai plaisir. Excepté cette grande table, toute chargée de plusieurs couches de volumes, je n’ai pas de distractions et n’en veux pas et n’en conçois plus. […] Quoique les mêmes pensées de déclin et de terme doivent être pressenties de tous à de certains âges, elles sont heureusement corrigées et sauvées pour ceux qu’entourent à chaque instant des affections et des liens. C’est ainsi que les extrêmes fins d’automne peuvent être riches encore, et qu’on arrive à l’hiver avec une provision de chaleur et de cordialité qui chez d’autres est dès longtemps épuisée »...

30 juillet 1864.
La lettre est destinée à alimenter la suite de Victor Hugo raconté par un témoin de sa vie. Il fait le portrait de l’académicien DUPATY : « Cet excellent homme, à qui Alfred de MUSSET a succédé en 1852, était légèrement comique. Il était resté tout à fait de sa date première, le jeune homme de 1800, passé de la marine où il était aspirant au vaudeville et à l’opéra-comique [...] Sa prétention, plus tard, a été d’avoir été persécuté, et il a voulu devenir un homme sérieux, un citoyen, capitaine de la garde nationale »... Sous la Restauration il se posait en Tacite... Sainte-Beuve raconte quelques petits ridicules de ce poète, en visite chez Mme RÉCAMIER ou aux séances de l’Académie, et sa manie de réciter ses propres vers aux candidats qui allaient lui demander sa voix...
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