ratures et corrections.
Importante étude sur la rage, et les expériences menées par Pasteur sur sa propagation et son traitement.
[En 1884, le savant ne poursuivait ses expériences que sur des animaux ; ce n’est qu’en juillet 1885 qu’il tenta l’inoculation sur un être humain, le jeune Joseph Meister. Cette étude a été publiée dans les Œuvres de Pasteur (t. VII, p. 78-79.]
À diverses reprises, Pasteur a lu que la rage n’existait pas à Constantinople. Il paraît certain que des cas de cette maladie sont fort rares dans ces contrées ; on peut habiter fort longtemps en Turquie sans entendre même parler de l’existence de chiens rabiques…
« J’ai eu l’occasion de voir dans le cours de l’année 1884 le Dr SERGENT, médecin sanitaire français à Beyrouth qu’il habite depuis 27 ans. Il m’a assuré n’y avoir jamais vu un seul cas de rage soit sur les chiens, soit sur l’homme. Les faits dont je parle autorisent la question qui fait le titre de cette note. Afin de la résoudre expérimentalement j’ai prié M. le Dr Sergent de vouloir bien m’adresser de Beyrouth quelques chiens de cette ville afin d’éprouver leur réceptivité pour la rage.
– Le 19 juillet 1884, je recevais [...] quatre chiens de la race qui habite ce pays.
– Le 21 juillet, après avoir reconnu que 3 d’entre eux n’avaient point souffert du voyage [...] j’inoculai l’un d’eux à la surface du cerveau par la méthode de la trépanation par la matière du bulbe d’un chien mort rabique le matin, après avoir été mordu le 26 juin chez M. Paul Simon, vétérinaire à Paris. En même temps on trépana et on inocula un lapin, par ce même bulbe, pour en vérifier la virulence.
– Le 30 juillet, le chien trépané change d’allures. Il est agité. C’est le 9e jour de l’incubation. Le 31 juillet, il est mordeur, a la voix rabique et paralysé du train de derrière. Le 1er août, il est de plus en plus enragé et mordeur. Le 4 août, après avoir eu une rage furieuse et mordeuse avec voix rabique, le chien de Beyrouth a une rage mue. Gueule toujours ouverte – ne peut la fermer – aboie à peine.
Le 5 août, il est mourant » ; il meurt le lendemain.
« Dès le 4 août, le lapin, trépané le 21 juillet avait commencé à accuser qu’il était pris de rage, par un commencement de paralysie. C’était après 14 jours d’incubation, ce qui est une des durées ordinaires de l’incubation de la rage de nos chiens des rues, quand on passe de ces chiens aux lapins. Quoiqu’il fût bien évident que le chien de Beyrouth fût mort de rage, on a voulu vérifier l’existence du mal en communiquant sa maladie à deux lapins, inoculation par trépanation, qui ont été pris de paralysie rabique après 16 et 18 jours d’incubation ». Expérience confirmée avec d’autres lapins inoculés…
« En résumé, pour les chiens de la race de Beyrouth, tout se passe comme pour nos chiens de France. Si la rage n’a jamais été constatée à Beyrouth […], si elle n’existe pas en Syrie, c’est qu’on ne l’y a pas importée. Les chiens de ces contrées y sont aussi sujets que les nôtres vraisemblablement. On est conduit à répondre négativement à la question qui fait le titre de cette note. On trouve ici un argument puissant en faveur de l’opinion que la rage n’est jamais spontanée. Enfin je dois dire qu’il m’a été facile de rendre réfractaires à la rage par des inoculations préventives les deux chiens de Beyrouth, compagnons de route de celui auquel j’ai communiqué la rage »...