Lot n° 978

HUGO Victor (1802-1885) [AF 1841, 14e f]. — L.A.S. « Victor Hugo », Hauteville House 27 janvier [1857], à Abel VILLEMAIN ; 3 pages in-12 remplies d’une petite écriture serrée, adresse contresignée « V. H. » (infime déchirure par...

Estimation : 1 500 - 2 000 €
Adjudication : 978 €
Description
bris du cachet affectant 2 ou 3 lettres).
Magnifique plaidoyer pour faire élire Théophile Gautier à l’Académie française.

[Malgré ce bel éloge d’un de ses plus fidèles amis, Théophile Gautier ne sera pas élu en raison de son concubinage notoire.]

D’abord, Victor Hugo se justifie de sa lettre écrite sur un « papier impossible ; nos lettres ont besoin de se faire petites pour entrer dans l’empire. La Frontière actuelle de la France n’admet guère que ce qui est microscopique »... Il se lamente sur son exil : « Je suis une espèce de mort, et j’ignore à peu près toutes les choses de la vie, parmi lesquelles je range volontiers l’académie. Il est évident d’ailleurs que, si l’académie voulait, elle serait toute la vie de l’intelligence, étant la seule assemblée qui ait encore, jusqu’à un certain point, droit de rayonnement »...

Il en vient à avancer la candidature de Théophile GAUTIER : « Il y a deux places vacantes, me dit-on. Quant aux candidatures, on ne m’en désigne qu’une, celle de Théophile Gautier. J’en suis charmé. C’est déjà un grand pas que Théophile Gautier se présente ; ce serait une belle chose qu’il fut élu. Gautier est depuis vingt ans dans la lutte du siècle ; il est depuis 1836 sur la brèche des idées et de l’art, il est poëte éclatant, critique enthousiaste, vrai et profond, prosateur rare, esprit lumineux dans toutes les sphères de la pensée pure. Vous connaissez ses travaux de tout genre ; il est hors des choses politiques, et sa nomination n’aurait aucune signification de ce côté-là ; pourtant, au point de vue de l’art, elle voudrait dire liberté, ess[or ?], lumière, progrès ; car Gautier est, dans les sereines régions de la poésie et de l’esthétique, un des combattants glorieux de l’esprit humain. – Dans des temps comme les nôtres, il y a deux besoins, et l’académie a deux devoirs, un devoir politique et un devoir littéraire ; la nomination de Th. Gautier, ce serait le devoir littéraire accompli ; quant à l’acte politique, qui n’est pas moins nécessaire, l’autre élection le ferait. Voilà ce que je vous murmure à l’oreille du fond de mon tombeau »...
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